Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Gustave Flaubert interprété par André Salzet dans une mise en scène de Sylvie Blotnikas.
André Salzet, rompu à l’exercice périlleux des adaptations de classiques de la littérature en seul en scène, avec des pièces telles que le joueur d’échecs par exemple, propose avec ce "Madame Bovary" une version épurée, recentrée sur les personnages principaux, du roman éponyme de Gustave Flaubert.
Nous faisant entrer dans le cerveau du célèbre auteur par le biais d’un rêve, il transforme l’éloquente description de la petite bourgeoisie provinciale normande en huis-clos ciselé où l’humour du maître est d’autant mieux mis en exergue, provoquant volontiers les rires au milieu de cet engrenage pourtant tragique.
On redécouvre également et avec plaisir le roman par ses personnages secondaires, à commencer par Charles Bovary, qui ouvre et ferme le spectacle comme s’il en était au final le personnage principal.
Le piteux Charles, à la conversation "plate comme un trottoir de rue" transfiguré tout à coup en héros romantique par la mort tragique de sa femme, ou encore Rodolphe, l’amant goujat et cabotin de madame, apparaissant fumant ses trois pipes d’après rupture comme un vieux garçon lâche et plutôt pathétique.
Madame Bovary, Léon le notaire, la nourrice, le boutiquier Lheureux et même la petite Berthe sont croqués dans leur humanité, sans fard ni faux semblants, par André Salzet très en verve.
La mise en scène de Sylvie Blotnikas, de facture classique, se met très intelligemment au service de l’incroyable performance du comédien, interprétant à lui tout seul l’ensemble des protagonistes du roman sans changement de costume, mais par la force d’incarnation de son corps et de sa voix.
Il passe ainsi tour à tour du narrateur, faisant sonner le verbe de Flaubert avec jubilation, à Madame Bovary, ou bien à la nourrice, pour revenir à Léon ou Charles avec un naturel et une fluidité confondante.
Les lumières d’Ydir Acef recrée un univers feutré et replié sur lui-même et parfont une ambiance tout en mesquinerie et en cynisme. Un très belle adaptation qui ravira les adeptes du roman et permettra à ceux qui ne l’ont pas lu de le découvrir. |