Spectacle écrit et mis en scène par Suzuki Matsuo, avec Suzuki Matsuo, Kami Hiraiwa, Shoko Ikezu, Shima Ise,  Tom Miyazaki, Sarutoki Minagawa, Seminosuke Murasugi, Miwako Shishido, et Elizabeth Marry.

Ah, le Japon ! Le pays des estampes, du théâtre Nô et du sushi réserve bien des surprises au spectateur français curieux qui découvrira avec "Go-on ou le son de la déraison", spectacle conçu et mis en scène par Suzuki Matsuo, une comédie satirique et loufoque totalement débridée (sic) et roborative.

Hybridant le métaphysique et le prosaïque, l'acteur, metteur en scène, réalisateur et romancier japonais traite d'un sujet ontologique d'importance avec un dénouement qui évoque la concierge qui est dans l'escalier, car en l'espèce, Dieu est dans la cuvette des toilettes.

Et ce, en racontant le parcours tragi-comique d'une jeune ex-chanteuse voulant faire son come-back dans le registre du tire-larme social sur le thème du vieillissement de la population qui, conduisant en téléphonant, fait une embardée et blesse grièvement une piétonne qui vient de décourvir, sans l'avoir encore dévoilé, l'ultime mystère, celui de l'existence de Dieu et se trouve dans une sombre histoire de chantage compensatoire.

Dans cet opus, Suzuki Matsuo aborde de nombreux thèmes et sujets sociétaux contemporains, l'argent bien sûr, mais aussi, et entre autres, la culture otaku, la société du spectacle, le cosplay, la biogenèse, la spiritualité et le sexe à la japonaise, déclinés avec un jubilatoire humour pop-trash, parfois un peu gore et souvent noir, et un syncrétisme anti-naturaliste qui fusionne les codes de la comédie, du comique, du "freak show", du kabuki et du manga.

Le spectacle est dispensé dans une ahurissante scénographie plasticienne de Tomoyuki Ikeda, une guimauve blanche incrustée d'objets qui évoque les assemblages du Nouveau Réalisme et du Pop Art, avec les costumes de Kyoko Toda et sur des chorégraphies toutes aussi fantaisistes de Masako Yasumoto.

Les comédiens de la Compagnie Otona Keikaku fondée par Suzuki Matsuko, également au jeu, interprètent, avec la remarquable aisance et liberté de jeu des performeurs et un sens aigu du burlesque, une galerie de personnages, non exempts de veulerie, assaillis par des doutes existentiels et, surtout, soumis aux réalités contingentes.

Et il n'est pas certain que tout finisse bien dans ce monde qui n'est pas le meilleur.