Chouette ! Chouette ! Chouette ! L’année commence bien avec ce nouvel ouvrage de l’excellent Hervé Le Corre qui n’a de cesse de nous proposer à chaque fois des petites merveilles de romans.
Hervé Le Corre est l’une des grandes voix du roman noir français contemporain. Il a remporté tous les grands prix de littérature policière. Des ouvrages comme Prendre les loups pour des chiens ou Après la guerre ont connu un grand succès public et critique. Ils ont été traduits en plusieurs langues.
Son dernier ouvrage, Dans l’ombre du brasier vient de sortir aux éditions Rivages ! Je l’ai vu, je l’ai lu et j’ai adoré (le mot est faible). Une fois encore, la puissance romanesque et les talents d’écriture de l’auteur font mouche. A cela s’ajoute une dimension historique qui n’est pas pour me déplaire, ici l’ouvrage se place au détour de la fin du 19ème siècle, plus précisément en 1871, au moment de l’épisode historique et révolutionnaire de la Commune.
Hervé Le Corre a donc fait le choix de poser le cadre historique de son dernier roman au cours de ce que l’on a appelé la semaine sanglante, correspondant aux derniers jours de la Commune à Paris. Dans les rues de la ville bombardée où se dressent des barricades, le mal rôde. Des jeunes femmes disparaissent, enlevées par un personnage aussi pervers que repoussant. Parmi ses femmes enlevées se trouve Caroline, la bien-aimée du sergent Nicolas Bellec qui combat dans les rangs des communards.
L’affaire est confiée à Antoine Roques, qui vient d’être promu commissaire par la commune. Mû par le sens du devoir, il se lance dans la recherche de la jeune femme, bravant les obus, les incendies et les exécutions sommaires. Sous ses yeux, une capitale en feu qui brûle et pendant ce temps une femme, Caroline, séquestrée puis oubliée dans une cave parmi les immeubles effondrés qui lutte pour sa survie. C’est une course contre la montre qui s’engage alors que la commune est en pleine agonie.
Comme dans ses livres précédents, Hervé Le Corre nous propose un récit superbement rythmé, construit autour de dix jours entre le jeudi 18 mai et le dimanche 28 mai avec de nombreux personnages qui s’entrecroisent dans ce brouas parisien, des personnages aux convictions différentes, entre sentiments amicaux et violences profondes.
La complexité de cette période historique qui marqua l’Histoire de France est superbement retranscrite par l’auteur. On ressent les bombardements des mots du livre, le chaos régnant à l’époque dans les rues parisiennes imprègne les pages du livre et l’on imagine les barricades qui se montaient et se démontaient au fil des évènements. On y voit des femmes impliquées, c’est le cas de Caroline, infirmière chez les communards avant son enlèvement mais aussi des combattants désorganisés remplis de fureurs, de convictions, de joies et d’espoirs. On retrouve donc ce peuple omniprésent dans sa dimension populaire, au bon sens du terme, autour de cette révolte désordonnée et courageuse.
Avec Le Corre, l’Histoire est toujours évoquée de façon pertinente, elle est à chaque fois le ciment d’un grand roman, puissant et tragique, toujours merveilleusement bien écrit. On aime cet auteur pour le souffle romanesque qui se dégage de ses livres et Dans l’ombre du brasier ne déroge pas à cette règle.
Alors foncez, lisez Hervé Le Corre si vous ne connaissez pas encore ses livres, vous ne serez pas déçus. |