Chez Froggy’s Delight, on continue de suivre avec assiduité les publications des éditions Autrement qui, la plupart du temps, nous propose des petites pépites littéraires que l’on prend un malin plaisir à savourer. La rentrée littéraire de janvier nous permet de voyager vers un pays que je connais bien et que j’aime particulièrement, l’Italie.
L’occasion m’est donnée de découvrir un nouvel auteur italien, Paola Cereda, une psychologue italienne spécialisée dans l’accompagnement des mineurs migrants. Les couleurs de Fosco est son premier roman publié en France.
Fosco est un petit village de Calabre, dans les années 80, dans lequel l’histoire de trois personnages principaux nous est contée : Irène, Angiolino et Rocco. Ces trois jeunes sont remplis de rêves et d’espoir. Irène veut assouvir sa passion du dessin, Angiolino veut pouvoir vivre librement sa différence et Rocco aimerait bien s’affranchir du passé trouble de son père. Sauf que vivre à Fosco dans les années 80 n’est pas si simple.
Coincée entre ciel et mer du sud de l’Italie, le village de Fosco est le théâtre d’un affrontement entre deux puissantes familles qui ont droit de vie et de mort sur les habitants. Un soir de fête, Irène et Rocco, amoureux, s’unissent et voient leur destin chavirer, avec celui du village tout entier.
Le personnage central de l’ouvrage est Irène, elle est l’occasion pour l’auteur de nous offrir un très bel ouvrage féministe autour d’une femme qui doit affronter dans un petit village calabrais de nombreux événements, des meurtres, des enlèvements et des populations impuissantes face à deux familles rivales. Irène doit faire des choix, qui ne sont pas sans conséquence sur ceux qui l’entourent.
On s’attache très vite à ces personnages, au-delà de celui d’Irène. L’écriture rythmée et poétique de l’auteur confère au livre une ambiance déjà ressentie dans les ouvrages d’Elsa Morante et de Milena Agus, deux auteurs connus mondialement dont les romans se passent aussi dans le sud de l’Italie.
Cette chronique des années 80 dans ce village italien miné par la violence est passionnant ; on suit ces jeunes épris de liberté au travers de leurs bonheurs, de leurs malheurs qui, au final, sont des éléments constitutifs d’une vie riche, haute en couleurs.
Le livre est à la mesure de sa couverture, simple et élégant, il confirme que l’Italie et ses sublimes paysages, ses petits villages pittoresques restent la source de nombreuses œuvres littéraires de grande qualités. On aime toujours déambuler dans les ruelles de ces petits villages, s’extasier devant les descriptions de leur environnement. On aime cette jeunesse éprise de liberté qui ne veut plus de cette violence.
Avec ce magnifique ouvrage, véritable ode à la liberté, on se rend compte que la passion peut souvent s’avérer être la principale rivale de la violence au même titre que la jeunesse. On ne s’ennuie jamais en lisant ce livre et c’est bien là le signe d’un livre de qualité. |