Les éditions de l’Observatoire ont fait le choix de publier un ouvrage sorti il y a six ans chez un éditeur algérien, écrit par Chawki Amari. Chawki Amari est un journaliste, géologue et caricaturiste qui est aussi auteur de plusieurs romans publiés chez Barzakh, une maison d’éditions algérienne. Également comédien, il a notamment joué dans l’excellent film Fatima qui obtenu le césar du meilleur film. L’âne mort qui vient d’être publié aux éditions de l’Observatoire est une fable rocambolesque, un ouvrage d’un peu plus de 150 pages nous montrant l’imaginaire débridé de son auteur.
Au cœur des monts Djurdjura avance un vieux break bleu avec, à bord, Lyès, Mounir et Tissam, trois Algérois en fuite et, dans son coffre, un âne mort. Cet étrange trio roule en direction des montagnes kabyles, comme la promesse d’un refuge où déposer les secrets qui les hantent et dissimuler leur compagnon d’infortune.
Panne après panne, virage après virage, leur périple aussi intense que rocambolesque est ponctué de considérations philosophiques et questions existentielles à mesure que le chemin des trois vagabonds croise celui d’Amel aux fausses bonnes idées, Slim qui passe ses journées à pousser des pierres du haut des falaises, ou Izouzen, mystérieux libraire retiré dans son sanctuaire, au milieu de centaines d’ouvrages et des sépultures de ses épouses successives.
L’ouvrage de Chawki Amari est un ouvrage particulièrement éclairant sur les travers de la société algérienne. En bon caricaturiste, l’auteur arrive à nous proposer avec ce petit ouvrage une véritable satire politique découpée en onze parties virevoltantes.
Les personnages rencontrés par les trois algérois au fil de leur montée sont les témoins de la grande imagination que possède l’auteur algérien. Entre le libraire qui tue ses épouses successives, le scientifique servile et le braconnier qui provoque des éboulements pour s’amuser, leur rencontre est un véritable ravissement pour le lecteur. Le livre est bourré d’humour et en même temps, il est un appel à la réflexion.
Avec beaucoup de poésie et une écriture délicate, l’auteur déploie des considérations philosophiques et scientifiques particulièrement intéressantes qui nous invitent à réfléchir sur le temps qui passe et qui s’échappe, sur les pesanteurs de la société algérienne. Il ferait, avec une bonne adaptation un excellent film, je suppose. Il est déjà, un très beau livre, que je vous invite à lire si vous aimez les road trip philosophiques, avec un âne mort à bord ! |