Comédie-vaudeville de Georges Feydeau, mise en sce?ne de Emeline Bayart, avec Eric Prat, Émeline Bayart, Manuel Le Lièvre, Valentine Alaqui, Thomas Ribière, Delphine Lacheteau et le pianiste Manuel Peskine.
"On purge bébé" ou comment l'épiphénomène de la constipation enfantine est érigé en argument théâtral pour décliner, par hybridation avec le thème de la scène de ménage, le pandémonium matrimonial et étriller la bêtise petite-bourgeoise, cibles de prédilection du vaudevilliste Georges Feydeau. Prenant le contrepied de la tendance de la recontextualisation ou de la mise en résonance contemporaine, Emeline Bayart s'empare de cette farce sociologique férocement ancrée dans la Belle Epoque en jouant totalement la carte vintage soutenue par les costumes et le décor de Charlotte Villermet. De plus, elle l'assortit, comme en son temps, de couplets chantés et, en l'occurrence, issus de la production fantaisiste et grivoise française, puisant dans un répertoire d'histoires de couples qu'elle affectionne et déjà exploré dans le format récital "D'Elle et Lui", avec les arrangements de Manuel Peskine officiant au piano en direct live, ce qui instillle l'opus textuel d'humoristiques bulles musicales . Celui-ci dévoile l'intimité familiale des bien-nommés Follavoine, car bêtes à manger du son, lui porcelainier fabricant notamment de vases d'aisance, elle tyran domestique et mère obsédée par le rythme défécatoire de son insupportable et capricieux rejeton-roi surnommé Bébé, et une pétaradante matinée s'annonce sur fond de purgation les entraînant dans une folle ronde à laquelle se joignent la domesticité et les invtés à déjeuner. Aux manettes, Emeline Bayart opte pour une mise en scène fait la part belle à la dramaturgie du corps et au surjeu de rigeur qui sont portés par une épatante distribution. Autour de Delphine Lacheteau et Thomas Ribière formant le duo adultère, et Valentine Alaqui hilarante en bonne idiote et en Bébé hystérique, Manuel Le Lièvre s'avère désopilant en "haut" fonctionnaire doublé d'un relâché intestinal et d'un cocu notoire et Eric Prat parfait en commerçant parvenu au rêve de grandeur, devenir le fournisseur en vases de nuit de l'armée française, dont les nerfs lâchent, qui délivre une époustouflante version de la chanson "Proserpine" sur les affres maritales immortalisée par Dranem. Et carton plein, ce dès le coquin "Ça n'vaut pas la Tour Eiffel" dispensé en préambule, pour Emeline Bayart, délicate blonde au physique à la Vigée-Lebrun et à la large palette de jeu comique jusqu'au clownesque, qui excelle dans le rôle de la virago se révélant redoutable bretteuse dans le maniement de la mauvaise foi pour porter l'estocade à son conjoint benêt. Et la mécanique du rire de Feydeau fait toujours amplement et efficacement son oeuvre. |