Nous l’avons dit et répété, il est grand temps de réhabiliter Antonio Salieri. Le compositeur Italien aura très largement pâti d’une légendaire animosité avec Mozart, qu’il favorisa lui-même en plein délire alors qu’il était mourant dans un asile, relayée plus tard par Pouchkine.

Tout au plus pourrions-nous parler de rivalité (vraisemblablement amplement alimentée par le père de Mozart, et sur l’importance que prenait la musique italienne à Vienne) qui n’empêchait pas une estime et un respect réciproque.

Christophe Rousset fait partie des partisans de son œuvre et n’a de cesse (Tarare, Les Horaces, Les Danaïdes...) de la mettre en valeur et en lumière. Un projet audacieux mais qui à force d’intelligence musicale, d’intégrité, de recherches, d’exigence porte ses fruits. On ne peut que lui être redevable de rendre justice à ce compositeur incontournable de la cour Viennoise, protégé de Florian Gassmann et de Christoph Willibald Gluck, directeur de l’opéra italien puis maître de chapelle de l’empereur et professeur de Beethoven, Schubert, Hummel, Czerny et même d’un des fils de Mozart lui-même.

Cette fois, Christophe Rousset s’attaque pour un premier enregistrement mondial au manuscrit d’Armida, opéra séria en 3 actes sur les amours de Renaud et d'Armide, tiré de la Gerusalemme liberata du Tasse, créé à Vienne le 2 juin 1771 par le tout jeune Salieri.

L’intensité dramatique : l’amour de la magicienne Armide pour Renaud, son ennemi et son prisonnier, les passions, les contrastes, le sens resserré de l’action sont superbement (comme à chaque fois pourrions-nous dire) mis en musique par Rousset accompagné de Lenneke Ruiten (Armida), Teresa Iervolino (Ismene), Florie Valiquette (Rinaldo), Ashley Riches (Ubaldo), le Chœur de Chambre de Namur et Les Talens Lyriques. On trouve un compositeur qui assemble subtilement des traits musicaux des opéras italiens (l’expression mélodique...) et des opéras français (la tragédie...).

A découvrir donc !