Le goût de l’infini vu d’en haut, l’album de Karen Lano est une harmonie musicale entre réel et imaginaire : il s’appelle Muses et il inspire.
Il y a l’été qui s’éteint dans ces notes et les regrets qu’on imprime à l’orée de nos cils dans ses textes, Karen Lano est la muse de nos émois incandescents. Elle chante l’amour naissant et la passion muette, celle qui naît dans l’étincelle d’un regard et grandit la nuit avant de mourir au petit matin. Cette petite mort, ce sont les échos des notes, cette manière qu’ont les vibrations de s’étendre à l’infini jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un imperceptible murmure ("Ophélie"). Il faut dire que l’album a été enregistré sous les voûtes de l’église de Graveron-Sémerville, ça aide l’écho. Echo. Echo. Et ça colle parfaitement à l’ensemble. Ensemble. Ensemble.
Ensorcelant, Muses frôle le mystique avec ses silences prononcés, poussant les sons à ce qu’ils ont de plus essentiel : leurs vibrations. Il y a de la poésie dans ces pistes comme des forêts dans les grandes étendues, des vertiges et des sourires intérieurs.
Et ces cordes, entraînantes comme une danse démoniaque autour d’un feu, une marche militaire, un embrasement funeste, une élégie sensible qui accompagne les rêveries et les voyages en solitaire vers la fragile promesse d’une aurore lumineuse.
L’album de Karen Lano s’écoute au coin du feu, avec des souvenirs de cavalcades dans les ongles, des étreintes défendues et des embrassades non protocolaires dans les membres. Muses raconte des histoires de sorcières dans la bergerie et d’arbres qui parlent, des petits cailloux bien alignés et des haricots qui montent dans les nuages… Même pas peur. Pas peur pas peur pas peur. C’est pas moi c’est l’écho. Echo. Echo.
Ah j’ai failli oublier, il y a des belles guitares et des percussions qui font bim bam et il y a les mecs de Facteurs chevaux qui réalisent, des rimes en use et des rimes en ange, ça fait comme une incantation dans cette zone, et puis plus rien, et ça chuchote et ça grandit, et ça fait sourire puis sauter dans les flaques.
Tourner sur soi-même, bras écartés, yeux fermés, tourner encore et encore, sentir la pluie sur son visage, ouvrir les yeux et ne plus savoir où le haut du bas, s’écrouler et rire de cette ivresse sans repères. Karen Lano est insouciance et incandescence, elle est la flamme et la cendre, elle raconte et dessine, l’embrasement et la délicatesse. Captivant. Et un peu espiègle. Est-ce piègle. Est-ce piègle.