Comédie dramatique de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Sophie Planté, avec Yohan Leriche, Charles Leys et Sophie Planté accompagnés par Vincent Lagahe au piano.
Ecrite en 1988, la partition de "Music-Hall" de Jean-Luc Lagarce constitue sa déclinaison de l'expression "The show must go on" avec un hommage tendre aux artistes. Non ceux qui connaissent le notoriété et la splendeur des ors et du velours rouge des théâtres à l'italienne mais ceux en tournée de ville en ville, jusque dans "le trou du cul du cul de la fin du monde" dixit l'auteur, et souvent en troupe, avec leurs illusions perdues. Et, toutefois, une nécessité impérieuse pour, quoi qu'il arrive et quoi qu'il en coûte, vivre une fois encore, une dernière fois peut-être avant que le rideau ne tombe à jamais, celui du théâtre métaphore de celui de la vie, la transcendance de la scène. Le théâtre c'est également raconter des histoires et, en l'espèce, raconter une histoire, celle d'une chanteuse, une anonyme simplement nommée "la fille" par l'auteur, entourée de ses compagnons de galère et faire-valoir, les Boys, et d'un pianiste. Jean-Luc Lagarce a associé au texte l'insert d'une chanson d'une des reines du music-hall des Années Folles, "De temps en temps" de Joséphine Baker, son opus entre également en résonance avec des titres du répertoire de la chanson française tels "J'me voyais déjà" de Charles Aznavour, "La chanteuse a vingt ans" de Serge Lama et "Mourir sur scène" interprété par Dalida. Pour sa première création la jeune Compagnie Ôôdiylleux a choisi cet opus qui, dans la mise en scène de Sophie Planté, au demeurant dans le cadre d'une première réussie, conserve sa structure originelle tout en y insérant des intermèdes qui apportent de la chair au théâtre de la parole de Jean-Luc Lagarce.
De plus, elle concilie la distanciation résultant de l'écriture narrative polyphonique en adresse au public et le réalisme à laquelle elle imprime une couleur tragi-comique avec le grimage des Boys, bien campés par Yohan Leriche et Charles Leys, et leurs saynètes burlesques tel le pas de deux sur l'air de "Moi je suis tango" de Guy Marchand accompagnés au piano par Vincent Lagahe.
Egalement au jeu, Sophie Planté incarne de manière émérite et avec une belle palette dramaturgique la Fille, celle qui, en glamour star hollywoodienne rejoue chaque soir, entre loge et scène, le cabaret de sa vie. |