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Jean-Louis Costes 

Grand Père ça commence comme de banals souvenirs d'enfance. Mais une enfance avec un grand père pas vraiment bon-papa gâteau et un portrait brossé à grands coups de verbe cru. Le papi bougnoule, l'émigré arménien, rejeté par la famille de tous petits bourges français, affalé devant la télé entre la picole et la clope, est une merde de métèque dont le petit fils a honte à une époque où la différence culturelle n'était pas érigée en culture de la différence.

Le petit fils c'est Jean-Louis Costes, Costes le maudit de l'undergound, musicien, performeur, écrivain et grand provocateur désespéré, et grande eût été la déception, même - et surtout - de ses pires détracteurs, s'il avait narré quelques idylliques anecdotes. Il ne pouvait pas avoir un grand-père ordinaire.

L'homme taraudé par l'axiome de l'absence de destinée propre s'invente, reprenant ses fantasmes d'enfant suscités par le visionnage du film "Laurence d'Arabie", un papi super héros trash à partir de quelques mots qui pèsent leur poids - pogrom, cosaque, légionnaire, bagnard - à qui il se dit inéluctablement lié par le crime et la souffrance, par la transmission générationnelle du péché originel :"Car le premier était né sans péché et le denier est écrasé sous le poids de tous les péchés".

Et pour cette biographie fiction, il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Jean-Louis Costes nous entraîne dans une tragique épopée humaine qui couvre quelques grands massacres du 20 ème siècle, du pogrom des arméniens d'Ukraine à la colonisation du maghreb à la suite d'un grand-père exterminateur.

Garnick Sarkissian, arménien qui a connu le pogrom organisé par les russes rouges, est devenu à son tour pogrommeur sous la bannière quadricolore "tripes-caca-sang-sperme" des cosaques blancs. Et puis de l'Europe de l'Est au Rif il n'y a que le temps d'une traversée en bateau pour 10 ans de légion en échange de papiers français et d'un corps torturé. Et bateau encore pour connaître les horreurs du bagne guyanais pour avoir trucidé l'amant de sa femme et revenir en France sous l'Occupation pour piller les appartements des juifs déportés et finir calciné devant son petit fils dans une sorte de rédemption mystique.

La narration des massacres, comme la souffrance suggérée de l'exacteur, confinent à l'horreur absolue - et cependant la lecture s'en poursuit comme sous l'emprise d'un charme vénéneux - sauf à pouvoir opérer la distanciation salutaire inhérente aux films d'horreur.

Horreur accentuée par le fait que Grand Père n'agit même pas par conviction politique mais par simple vengeance, par simple réflexe de survie organique et néanmoins pour l'accomplissement d'une destinée inéluctable parce qu'il appartient à la génération qui doit brûler le vieux monde pour que pousse le nouveau et pour que ses descendants puissent jouir de nouveaux verts pâturages à immoler.

La plume de Jean-Louis Costes, trempée dans son propre sang qui charrie toutes les tragédies de l'humanité, déverse une langue à la fois furieuse et terriblement maîtrisée qui allie le tragique du sens et l'esthétisme de la forme.

Et c'est sans doute là que réside sa force créatrice, quand la douleur intime enfante l'art et révèle les mystères.

 

MM         
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