Plus que jamais, le Ni vus Ni connus prend tout son sens avec cette sélection de disques. Des albums à défendre sans être parfaits, des titres à sauver et d'autres à oublier. Ou comment donner un sens malgré nous à l'achat de titres à l'unité sur internet. Mais tout est bon pou découvrir quelques titres de derrière les fagots, à ressortir pour impressionner les amis ou mieux comprendre l'histoire de la musique vue par exemple par l'émission Le morceau caché que vous retrouvez en streaming chaque semaine sur Froggy's Delight !
Department of Eagles
In Ear Park (4AD, octobre 2008)
On a coutume de résumer le rock et d'en séparer l'histoire, à la simple question "Tu est plutôt Beatles ou Stones ?" La réponse à la question tranche l'avis de celui qui la pose, sur celui qui y répond. In Ear Park répond à cette question, sans qu'elle n'ait été posée, il est clair que pour eux, du moins sur ce dernier opus, la balance penche vers le quatuor de Liverpool.
Tellement que ça en est un peu lassant à la fin, tant de sucreries, certes orchestrées avec talent, laissent pantois. Le duo réussit à composer de bonnes chansons, à intéresser l'auditoire, mais globalement il reste un sentiment de déjà entendu et de très conventionnel. L'introduction, avec ses choeurs en fond, fait plutôt penser à une bande originale sortie d'un dessin animé pour enfants. "No One Ears it", le deuxième titre, pourrait être composé par les quatre garçons dans le vent, avec quelques années de plus, et donc des ajouts plus modernes. L'album est très bien (trop ?) bien écrit, bien produit, bien exécuté, mais la sauce ne prend pas. Il faudra que le duo réussisse à convaincre sur scène pour valider ce disque. C'est étonnant, suite à un premier album qui avait suscité un petit remou à sa sortie. L'essai ne nous semble pas transformé ou du moins peu convaincant.
Ascend
Ample Fire Within (Southern Record, juin 2008)
Ample Fire Within est le genre de disque pour puristes, le genre à faire trembler les mères à l'approche de la chambre de leurs rejetons, pour leur signaler l'imminence du repas familial. Side project de Gentry Densley (Iceburn, Eagle Twin) et Greg Anderson (Sunn O)))), ce disque est guttural, peu avenant pour qui n'est pas un initié du Doom Metal (je crois que c'est le nom que donnent les aficionados à ce genre musical).
Cet album est sombre, lent, fait de voix profondes, de barbes drues et de regards perdus vers un improbable horizon. Non initiés passez votre chemin ! En revanche, si vous êtes un habitué du genre, sachez que les joyeux compères sont allés revisiter leur propre travail. Fait de voix grognées (auxquelles ont été rajouté un trombone pour amplifier l'effet sur "Obelisk of Kolob"), les deux bourrus ont descendu les octaves de leurs instruments de plusieurs niveaux, pour se mettre à celui de leur in(a)spirations. Ample Fire Within est la preuve qu'on ne peut pas mélanger les genres et qu'il est parfois nécessaire de maîtriser des clés pour ouvrir certaines portes. Néanmoins, un peu de curiosité ne fait pas de mal. Evitez cependant, de l'écouter avant le poulet rôti dominical, pour une journée en famille réussie.
It Hugs BackThe Record Room : First Four Singles (Too Pure, mars 2008)
Collection de quatre single sortis entre 2006 et 2008, ce quatuor anglais, qui a bien appris ses leçons de rock, distille une pop riche en inspirations. Tout le rock noise des années 90 est synthétisé par ces jeunes gens, nostalgiques d'une autre époque. C'est du moins l'impression laissée par une première écoute.
Ces petits nouveaux de la scène anglaise, rendent hommage à leurs aînés, pour exemple, "Little Steps", est un condensé de Daydream Nation de Sonic Youth, pour le son et de My Bloody Valentine pour la lenteur et la nonchalance. Heureusement, la suite, plus pop, contient plus de personnalité, que de copier/coller. Reste une pop enjouée, claire et évanescente comme de jeunes anglais savent le faire. Bien tournée, elle ne révolutionnera pas le genre, mais a au moins le mérite d'être correctement exécutée, et sans trop de fioritures, ce qui n'est pas le cas de tout le monde dans le milieu. Ce disque s'adresse aux fans de pop anglaise, matinée de Noise sans grande ambition, reste tout de même de bonnes chansons pop.
Mothlite The Flax of Reverie (Southern Record, septembre 2008)
Mothlite est le projet d'un binome composé de Daniel O'Sullivan (ayant participé à Guapo et Sunn o))), tiens, encore eux !) et Antti Uusimaki (Panic DHH). Difficile à classer, cet album reste en périphérie de plusieurs genres et époques musicales. On peut y déceler des influences diverses allant de Pink Floyd pour un axe vaporeux, mêlant sons léchés et développement musicaux inattendus, à la musique électronique pour l'ambiance.
Il n'en reste pas moins que Flax of Reverie laisse l'auditeur suspendu dans une sorte de songe éthéré, légérment sombre, à la limite du morbide. Difficile d'approche, ce disque et ses titres à rallonge, avoisinant les dix minutes pour certains, donne une impression de bande originale de film d'horreur. Se faire un avis, positif ou négatif, n'est pas aisé, mais le propos ne semble pas être de ce coté, même si on a du mal à toucher du doigt, ce que ces londonniens ont cherché à produire. L'ensemble est alambiqué, arty dans le bon et le mauvais sens du terme à la fois (le solo de saxophone sur "The Untouched Drew" est limite audible). Les voix sont limites et rappellent des moments peu glorieux de l'histoire de la musique moderne. Un disque qui se regarde le nombril, et qui laisse un gout d'inachevé, et peu convaincant.
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