Spectacle
conçu par Irina Brook et Marie-Paule Ramo d’après
Cervantès, mise en scène de Irina Brook, avec
Lorie Baghdasarian, Jerry Di Giacomo, Gérald Papasian,
Christian Pélissier, Augustin Ruhabura et Bartlomiej
Soroczynski.
Pour proposer des spectacles qu'elles veulent "accessibles
à l’ensemble des strates des publics des théâtre",
Irina Brook et Marie-Paule Ramo procèdent par vulgarisation
en transposant le roman de Cervantès dans l’Amérique
du 20ème siècle avec des références
plus contemporaines que celles du 16ème siècle
espagnol, une Amérique qui n’est cependant pas
tant l’Amérique d’aujourd’hui que celle
des seventies réduite à ses mythes et ses clichés.
"Somewhere… la Mancha"
c’est Don Quichotte aux States dans un road movie entrepris
par deux SDF, un afro-américain, employé au chômage
qui s’évade en rêvant de l’époque
bénie des chevaliers, et un arménien, acteur de
3ème zone qui rêve d’être oscarisé,
vers la nouvelle terre promise du 20ème siècle
qu‘est, ou que fût, la Californie.
Avec leurs nobles montures, une valise à roulette et
un caddie, ils empruntent l'incontournable route 66, croisent
des bikers échappés de "Easy Rider",
des rock stars de pacotille, un amish, un vendeur de hot dog,
les personnages du film "Le magicien d’Oz" et
autres figures dans un périple rythmé par les
standards de ""Over the rainbow" à "Mrs
Robinson" et parsemé de numéros de music-hall.
Pour interpréter cet aimable divertissement en forme
de tour de Babel étasunienne, créé sur
la base du travail d'improvisation de l'acteur, une distribution
pluri-ethnique composée de comédiens empathiques
qui emportent le morceau. La plupart, Lorie Baghdasarian, Jerry
Di Giacomo, Christian Pelissier et Bartlomiej Soroczynski y
endossent plusieurs rôles avec un bel entrain.
Pour les deux rôles principaux, Augustin Ruhabura conserve
tout son lyrisme exalté à Don Quichotte et Gérald
Papasian, dans le rôle d'un Sancho Panza féru d'aphorismes
de Woody Allen et de blagues à deux sous, drôle
et profondément humain, est remarquable au point de voler
la vedette à son maître. |