Comédie
dramatique interactive écrite par Olga Vincent et Ecrit
Rognard, mise en scène de Robert Hossein, avec Philippe
Caroit, Olga Kortyayaeva, Jean Antolinos, Maurice Patou, Pierre
Hossein, Robert Hossein, Jean Paul Solal, Yannick Debain, Pierre
Dourlens, Erick Desmarestz, Philippe Rigot, Martine Pascal,
Herve Masquelier, Danik Patisson, Frédéric Anscombre,
Joël Ravon, Gilles Dumenil Laguerre, Dominique Roncero,
Vincent Labie, Patrick Bordes, Gérard Boucaron, Steve
Bedrossian, Henri Deus, Claude Lancelot et Jenny Bellay.
Robert Seznec, vendeur de bois à Morlaix, a été
condamné à la prison à perpétuité
en 1924 pour le meurtre de son associé dans une affaire
de trafic de Cadillacs entre les États-Unis et la Russie,
Quéméneur. De cette affaire, on entend encore
parler aujourd'hui en raison des doutes qui ont plané
sur les débats à l'époque, et des tentatives
des descendants de l'accusé de faire réhabiliter
leur aïeul.
Robert Hossein est un habitué de ces spectacles qui
racontent un destin historique exceptionnel : "Marie-Antoinette",
"Jean-Paul II", "Un homme nommé Jésus"...
On le sait aussi fidèle à ce principe de faire
voter le public en fonction des convictions de chacun à
l'issue de la représentation. Au début de la pièce,
Robert Hossein annonce que les débats qui vont être
joués devant le spectateur sont identiques à ceux
qui se sont déroulés dans le tribunal.
Le décor de tribunal est richement monté, avec
sa barre pour les témoins au centre, l'accusé
entre deux gendarmes à droite, le président du
tribunal et l'avocat général à gauche.
Les témoignages contradictoires se succèdent,
et bien que ce procédé entraîne une certaine
immobilité des personnages, on se surprend à s'intéresser
à cette affaire, et à y apprendre des faits, car
si le nom de Seznec sonne de manière familière
à nos oreilles, l'affaire en elle-même est depuis
longtemps sorti des mémoires.
Les comédiens interprétant les témoins
se succèdent à la barre un peu trop rapidement
pour pouvoir montrer leurs talents d'acteur. Pour ceux qui restent
en scène tout au long de la représentation, le
président, interprété par Pierre Dourlens,
reste sur un ton entre agressivité et dégoût.
En avocat général, Eric Demarestz, joue avec beaucoup
de naturel. A droite, Seznec, interprété par Philippe
Caroit dont le visage rappelle celui de Jean-Claude Bouillon
dans "Les Brigades du Tigre", et son avocat, Yannick
Debain, s'investissent tous deux avec beaucoup de fougue dans
leur rôle.
Cependant, il s'avère très vite qu'en réduisant
à deux heures les dix jours de débats, le texte
oriente forcément le spectateur. Il pointe de manière
forcée les doutes qui existent sur la culpabilité
de Seznec, l'absence de coupable, des témoins à
charge pas toujours crédibles, etc... Pourtant le public
semble y trouver son compte qui, à l'entracte, comme
dans le cadre d'un reality show à la télé,
va voter, en passant entre les deux gendarmes, dans le hall
du théâtre en faveur ou en défaveur de l'accusé.
Au retour de l'entracte, une vidéo montre Maître
Lombard exposer en quoi le procès Seznec ne répondait
pas aux obligations du droit français. Cette mise au
point n'est pas inutile à un moment où une réforme
de la justice en France est mise en place, le procès
Seznec pointant certaines dérives possibles.
A la sortie, cette superproduction avec ses vingt-six comédiens,
son décor de tribunal, ses costumes d'époque et
sa mise en place d'un vote démocratique semble plaire
au public. Et bien que "les attendus" soient respectés,
elle laisse néanmoins l'impression d'une pièce
bavarde et peu audacieuse dans la forme. |