La Saga De Buenos Aires, par le directeur adjoint des magazines de France-Télévisions, un baroudeur "fin connaisseur de l’Amérique Latine qu’il sillonne depuis près de trente ans", un journaliste qui n’a plus grand-chose à prouver, rien que ça.
Si ce livre était un dessert, il serait un millefeuille, mais sans sucre. Ou bien pas assez, comme un éclair au chocolat sans le glaçage sur le dessus, comme un framboisier sans la petite framboise et la feuille de menthe, la petite touche en plus qui ne sert à rien, mais qui manque quand elle n’y est pas. Pour moi, cher Monsieur Benyamin, il manque une framboise à votre roman.
Mais je m’égare, reprenons au millefeuille. Chaque couche serait un personnage qui a marqué la ville de Buenos Aires. Bernard Benyamin nous décrit cette race d’humains particuliers qui sortent de la masse, qui se distinguent et font connaître leur pays, grâce à une voix, un coup de pied, un coup d’éclat…
Il retrace pour cela cinq cent ans de l’histoire de la capitale, à grands coups de bonds spatio-temporels sans préliminaire. A chaque séjour, une époque, une légende, un destin, un personnage, ses fringues, sa musique, sa coupe de cheveux, son style.
Si vous êtes comme moi, l’Argentine vous évoque Maradona-le-footeux-camé, Evita-la-femme-derrière-Perón qui chante "Don’t Cry For Me Argentina" du haut d’un balcon (merci Madona), le Che-barbu-noir-sur-fond-rouge, et le sensuel tango-patrimoine-de-l’humanité. Quatre petites facettes de ce pays cosmopolite.
Mais il y en a plein d’autres, l’explorateur, le découvreur, le défenseur du premier ersatz de ville, derrière des palissades de bois surveillées par les indigènes locaux. Carlos Gardel, vrai faux sosie de Jean Dujardin (photos à l’appui en milieu de bouquin), dom Juan exportateur du premier tango, légende au destin tragique. Chicha, maman inquiète pour la double vie de son fils Daniel, à la recherche de sa petite fille Clara Anahi, enlevée après l’assassinat de son fils, dans les années 70. Et Jacques de Linier, trahi par ses partisans, qui regrettent toujours.
A chaque récit, l’auteur crée une deuxième voix, en plus de sa plume, la voix du destin des personnalités qu’il décrit. Cette seconde voix est plus habitée, souffle un peu de vie dans le récit un peu trop journaliste à mon goût. Comme des voix offs qui désacralisent un peu le texte façon docu-fiction.
Ecrit chronologiquement, à lire dans tous les sens. A relire, en l’ouvrant n’importe où et jeter un œil dans la vie de Carlos Gardel, de Chicha, de Jacques de Linier, des Folles de mai et des autres… pour en apprendre un peu plus sur Buenos Aires. Un bel hommage au pays qui fête cette année le bicentenaire de sa Révolution. |