Ce lundi 13 septembre 2010, première Master Classe de la saison 2010-2011 à la Pépinière Théâtre dirigée avec une poigne de fer sous un gant de velours par Jean-Laurent Cochet encore un peu hâlé de la brève pause estivale qu'il s'est accordée.

Ces Master Classes, qui se dérouleront selon une périodicité mensuelle, permettent au public et aux professionnels non seulement de découvrir les nouveaux inscrits du Cours Cochet et de suivre les progrès des élèves déjà plus aguerris mais également de prendre la mesure de la nature de l'enseignement que le Maître y dispense aidé de ses assistants.

Un enseignement dont la base est constituée par la fable, et plus précisément celles dues à la plume de La Fontaine, qui permet aux apprentis-comédiens de "se faire les dents" sur un exercice considéré comme évident pour être inscrit parmi les pensums scolaires et qui se révèle, en réalité, comme particulièrement difficile et formateur.

Jean-Laurent Cochet fait d'ailleurs monter sur scène pour ouvrir la soirée deux élèves, qui ont passé l'âge d'user leur fond de culotte sur les bancs de l'école, parmi ceux inscrits au cours du samedi pour nous raconter "La femme noyée" et "Le cerf se voyant dans l'eau".

Parmi les élèves qui entament une seconde année d'enseignement, Jean-Laurent Cochet, qui s'enthousiasme de leur jeunesse studieuse et du renouvellement que laissent augurer ces nouvelles générations, félicite particulièrement trois jeunes garçons appelés pour monter ensemble sur scène et qui attestent de la diversité de timbres, de physiques et d'emploi que recèle ce vivier prometteur.

A savoir Victor Bessière au physique néo-romantique avec "Les animaux malades de la peste", Axel Vanacker, comparé à un page de Canaletto, avec "La fortune et le jeune enfant" et Benjamin Descamps, au physique et au jeu ténébreux, avec "Le paon se plaignant à Junon". Dans un registre toujours pince sans rire, Benoît Chauvin présente efficacement "Le meunier, son fils et l'âne".

Après les fables, viennent les scènes du répertoire. Scène de travail maintes fois présentée et révélant toujours des surprises dans les couleurs de jeu, le monologue d'Irma Lambert dans "La folle de Chaillot" de Jean Giraudoux.

L'occasion de découvrir deux nouvelles recrues, Valentine de Lagarde et Barbara Castin, présentées quasiment en contrepoint l'une de l'autre, tant par le physique, une sylphide perchée sur stiletto et une pulpeuse nature, que par leur interprétation la première tentant d'insuffler de l'émotion par altération du souffle là où la seconde restitue celle du verbe de l'auteur.

Après Jean Giraudoux, Jean-Laurent Cochet annonce un des auteurs les plus difficiles du répertoire, Alfred de Musset avec "Fantasio". Dans le rôle éponyme, Sam Richez, que le public pourra prochainment voir sur une scène parisienne dans une pièce de Paul Géraldy en compagnie de Delphine Depardieu et de Pierre Delavène qui en assure la mise en scène, qui reçoit les félicitations du Maître alors que son partenaire, Benoît Adet dans le rôle de Spark, se fait tancer pour son articulation erratique.

Musset encore avec la première scène de "Louison" que Romina Hamel, Honorine Magnier et Noémie Caillaut détournent sous forme d'une fantaisie à trois voix.

Enfin, Bérénice Bala, à la crinière et au tempérament incendiaire, que le public fidèle des Master Classes a déjà pu voir aussi à l'aise dans le rôle principal de "La mègère apprivoisée" de Shakespeare que dans celui de "Lucienne et le boucher" de Marcel Aymé, est également félicitée et chaleureusement applaudi dans le monologue de la scène III du troisième acte de "Psyché" de Molière/Corneille.