Spectacle seul en scène écrit par Eric Bidaud, Anne Gavard-Pivet, Didier Bénureau et Dominique Champetier, interprété par Didier Bénureau dans une mise en scène de Dominique Champetier.
Didier Bénureau pratique un humour noir qui puise ses racines dans celui usité par le magazine Hara-Kiri, journal bête et méchant, et qu'il dispense à la manière du feu dessinateur Reiser qui croquait de manière sanglante les gros dégueulasses et les affreux, bêtes et méchants.
Mais en pire. Car là où chez Reiser il y avait parfois une certaine tendresse, chez Bénureau point : le quidam est saigné à blanc et même si pathétiques et pitoyables ils font rire, ils n'inspirent pas la compassion.
Avec ses co-auteurs attitrés, Eric Bidaud, Dominique Champetier et Anne Gavard-Pivet, il traque le consensualisme bien-pensant et dynamite le politiquement correct au travers de portraits au vitriol qui tout en implosant sous le coup de leur propre turpitude se fragmentent de manière déflagratoire entraînant des émanations un tantinet pestilentielles et des projections d'abjection qui font l'effet de la mouche sur le lait ou du caillou dans la chaussure. Parce que ces quidams sont la tête de pont armée de phénomènes et de comportements qui font mal à l'humanité.
Et à cet égard, la bande annonce de "Indigne", son nouveau seul en scène, annonce ainsi la couleur sans tromperie sur la marchandise : "C'est un spectacle très convivial, ça parle de la boucherie mais pas que. De l'immigration, des intellectuels racistes, de la misère sexuelle dans les provinces C'est sale, ca pue, c'est bon. Il y a une petite sodomie en direct live mais le type est très très sympathique, oui terriblement sympathique. Adieu Moralès, bonjour Bénureau !".
Mis en scène par Dominique Champetier qui canalise son énergie démonstrative, Didier Bénureau, comédien expert dans l'art d'incarner les sadiques, les chafouins et les pervers tout autant que les faux naïfs venimeux, tire à balles réelles sur le printemps arabe, le racisme, la promotion du tourisme sur le site des catastrophes écologiques, la confrérie des bouchers chochottes, les produits financiers proposés par les derniers altruistes que sont les banques et consorts, l'onanisme sur le lieu de travail entretenu par les courbes de Madame Devaquet et les politiciens et campe une galerie de personnages désopilants dont certains rejoindront les fleurons du gabarit de "La belle-mère" et "Jean-Jean".
Et avec Bénureau, tiède s'abstenir ! Alors on adore ou on déteste. C'est son lot. Mais impossible de ne pas rire, même jaune à cet humour noir de chez noir.
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