Monologue dramatique écrit par Thiery Illouz et interprété par Christophe Laparra.
Un homme bien mis, en costume-cravate, arpente de manière fébrile son salon, à peine éclairé par une suspension vacillante, faisant les cent pas et marmonnant, avant de céder à une compulsion logorrhéique sous forme d'un dialogue agressif avec un interlocuteur invisible.
Il conspue, moleste et injurie ce destinataire muet qu'il présente comme un ennemi, faisant état de sa situation de privilégié mégalomaniaque, assénant imprécations et menaces scandées par l'antienne "J'ai tout".
Dès les premières phrases, le malaise s'installe face à ce flot verbal qui présage d'un état mental pour le moins perturbé prenant la forme d'une ratiocination circulaire délétère et d'une danse de mort avec "l'autre" qui n'est que soi.
La violence de ses propos qui sont autant de banderilles qu'il s'inflige est en rapport avec la souffrance éprouvée qui est à son acmé et dont il est difficile de savoir s'il s'agit d'une insoluble schizophrénie ou d'un mécanisme de compensation face à un événement traumatique.
Thierry Illouz signe un monologue dramatique saisissant, à rapprocher de celui du dramaturge autrichien Peter Turrini intitulé "Enfin, la fin", qui rend compte de l'enfermement mental d'un homme en état de détresse et constitue une formidable partition de jeu pour un acteur.
Sur scène, la prestation de Christophe Laparra s'avère tout aussi convaincante que puissante. |