Monologue dramatique écrit et interprété par Patrick Olivier avec l'accompagnement musical de Guillaume Fontanarosa et Samuel Zucca.
Le comédien Patrick Olivier oeuvre régulièrement dans le registre du théâtre mémoriel et du théâtre de la résistance qui le conduit notamment à la transmission des récits-témoignages des victimes survivantes qui ont contribué à l'historiographie de l'Holocauste.
Après avoir prêté sa voix à Primo Levi ("Si c’est un homme") et Sam Braun ("Personne ne m’aurait cru, alors je me suis tu".), il a procédé à l'adaptation pour la scène des mémoires, publiées sous le titre "Le Rapport Pilecki", d'un déporté atypique puisque "déporté volontaire".
En effet, grande figure de la Résistance polonaise, Witold Pilecki est un officier polonais qui, après l'invasion de la Pologne, entre dans la clandestinité, crée l'Armée secrète polonaise et se fait délibérément arrêter pour "s'infiltrer" dans un camp de concentration afin, d'une part, de collecter et transmettre les informations relatives à leur organisation et aux conditions de détention.
Et, d'autre part, constituer un réseau de résistance qui constituera une base d'appui pour une attaque aérienne des Forces alliées en vue du démantèlement des camps et de la libération des prisonniers.
Interné en 1940 au tout nouveau camp d'Auschwitz, son premier rapport édifiant quant à l'enfer concentrationnaire, lieu de non-vie et de mort programmée, dans le camp qualifié de camp de travail forcé dont la devise, forte de l'ironie cynique des nazis, est transmis au gouvernement britannique au printemps 1941.
La suite est connue : malgré les sources concordantes, tels les rapports de Jan Karski et de Emanuel Ringelblum qui a constitué les archives secrètes du ghetto de Varsovie, et édifiantes les Alliés, en minimiseront les assertions pour étayer leur refus d'intervention.
Bien que militaire aguerri aux atrocités de la guerre, Witold Pileckila ne s'attendait à la barbarie qu'il découvre. Il doit sa survie à sa force mentale, il sait pourquoi il est là, et n'oublie jamais sa mission.
Son récit, tel qu'il est présenté en l'espèce, révèle une approche résolument objective et documentaire qui ne comporte pas de digression subjective qu'elle soit psychologique ou réflexive.
Patrick Olivier livre une partition sensible, qui ne verse ni dans le pathos ni dans l'interprétation de l'horreur soulignée par la projection d'images d'archives suffocantes, à laquelle les intermèdes dispensés par les musiciens Guillaume Fontanarosa, au violon, et Samuel Zucca, à l'accordéon, apportent une respiration qui permettent au spectateur ne pas succomber à l'accablement.
Indispensable pour ne pas oublier le passé et demeurer vigilent pour le présent. |