Réalisé par Rémi Chayé. France. Film d'animation. 1h20 (Sortie le 27 janvier 2016).
Bien sûr, "Tout en haut du monde" de Rémi Chayé s'adresse en priorité aux enfants - mais pas aux très petits - et aux ados pas encore intoxiqués par les films substituts des jeux vidéos.
Mais le graphisme du film, et notamment ses fonds, ses ciels, ses mers sont d'une grande beauté formelle.
Le soin est le même pour les décors, qu'il s'agisse des perspectives de Saint-Pétersbourg ou les paysages de l'Arctique.
Formé et influencé par un grand maître du dessin animé, Jean-François Laguionie, Rémi Chayé n'a pas choisi de composer des personnages dans la lignée des Japonais ni dans celle des Américains
Ils sont presque elliptiques, la bouche ou le nez sont constitués d'un ou deux traits. Il n'y a jamais l'envie de jouer la rondeur pour cacher qu'ils sont au départ des dessins, des croquis esquissés.
L'imaginaire ne doit pas être réduit par un faux réalisme. Le spectateur ne doit pas être l'otage d'un monde factice mais toujours avoir conscience qu'il est dans l'irréalité.
Le personnage principal, Sacha, est une petite fille blonde, intrépide, un garçon manqué qui tranche autant avec les héros presque toujours masculins des dessins animées qu'avec les princesses Disney.
On retrouve une pureté graphique parente du "Phantom Boy" d'Alain, Gagnol et Jean-Loup Felicioli. Les deux films ont un esprit voisin, quelque chose de "très français" qu'on trouvait jadis dans les fictions populaires qui met en avant les valeurs d'amitié, de camaraderie, d'entraide etde courage collectif et que certains trouveront peut-être un peu forcé ou daté et de l'ordre de la convention.
Si l'on sait ne pas y faire attention, surmonter l'inévitable passage où Sacha doit affronter les marins bourrus qui "n'acceptent pas une femme à bord", on prendra un grand plaisir à ce joli moment frais et poétique.
Les aventures polaires de "Tout en haut du monde" de Rémi Chayé méritent donc d'être partagées par un large public de dix à cent ans. |