Faut pas être
superstitieux, sortir un album sous un label qui s'appelle Epitaph,
vaut vraiment pas avoir peur.
Et le tout en faisant une musique à haut risque. Comment
on m'a dit que l'on pouvait appeler ça... "electro groove".
Ca semble bien correspondre. C'est un peu electro et ça groove.
Les adjectifs de critique musical sont d'un con.
Alors on l'appelle Petephilly pour faire
plus vite. Le truc semble être Hollandais, une vrai musique
de culture coffee shop. Ici la musique n'est plus "cool",
elle est carrément "peace". C'est le genre de musique
qui passe dans les bars qui se veulent "London Culture",
le petit cyber café où il n'y a que des mac, où
l'on sert des milk shakes banane choco crips et où on file
des fraises tagada avec les conso. London Culture qui reprend les
bases de la musique noire, du jazz et la soul pour les passer à
la boite à rythme. Esprit Macy Gray sans la belle diva.
Alors du piano en filigrane et des cuivres qui soufflent la mesure.
Toujours très minimaliste, du trois notes au plus compliqué.
Et la voix... un flot black très calme (alors que le groupe
est constitué de deux blancs !!!), jamais agressif, qui suit
la rythmique.
On a envie de dire que ça swingue mais pas vraiment, aucune
tension sexuelle dans les chansons, aucune tension tout court. On
imagine très bien le petit appart chic d'Amterdam à
deux pas du quartier gay (le plus hype de la ville) et les types
fumant des joints de beuh en parlant tranquillement de quel plan
ils vont pouvoir pomper sur Quincy Jones. Ce n'est plus une défonce
pour échapper au quotidien ou connaître des expériences
mystiques, mais c'est de la défonce pour se détendre,
comme un bon vieux massage aux pierres chaudes. Drogue douce pour
musique douce.
Musique cool et branchée, branchée comme peut l'être
l'attaché de presse de Chipie à 28ans. Donc on est
bien obligé d'avouer le mot terrible... c'est lounge. Et
oui, toute la basse nous le dicte. Une belle basse bien ronde qui
creuse bien la tonalité. Une basse qui ne se risque jamais
à aller trop vite, éviter la croche à tout
prix. Alors les lumières deviennent bleu turquoise, la vie
se fait urbaine, la saison est au début de printemps. Tout
ce qu'il y a de plus doux et de moins engageant.
C'est donc un album terriblement agréable qui nous est proposé,
un truc qui s'écoute tout seul avec de beau solos de sax
sur "Lazy" blue note pour
soirée paresseuse.
Peace jusqu'à la mort, jusque dans les paroles (toutes
en anglais bien entendu). Musique positive qui prône tolérance
et respect. "Respect", c'est
même le titre d'une chanson mélangeant sonorité
nord africaine et australienne. Le refrain qui dit rien de moins
que nous nous respectons comme des mères et des pères.
Voilà un groupe qui assume sa positivité jusqu'au
bout.
Malheureusement le groupe tente parfois d'accélérer
le tempo, de s'essayer presque au rap, et la c'est plutôt
raté. Il y a beau avoir des "Mother fucker" sur
"Cocksure", on y croit pas
vraiment.
Dire que ces gars n'ont pas la haine serait un euphémisme.
On peut même pas dire cela des anciens MC Solaar. Alors tout
comme lui, on retrouve de sacrées références
au Jazz dans leur morceau. "Conflicted"
a une super batterie jouée au balais, un petit piano et un
thème semblables à ceux de "Take
five"...
C'est peut être une lucarne ouverte pour les jeunes branchés
vers le Jazz. Faut pas trop rêver non plus, ce ne sont pas
les premiers à tenter l'expérience.
En définitive, cet album est une bonne idée de cadeau
pour votre ami qui adore Craig Armstrong,
Carl Off et Blood
Hound Gang. C'est un album dans l'air du temps. Puis pour
tous les futurs acquéreurs de Web Shop qui ne savent pas
quoi mettre dans leur play list, c'est le disque parfait.
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