Texte de Jean Genet scénographié et interprété par Pierre Constant.
Au sol, une surface blanche, rectangulaire, zébrée d'une diagonale rouge, léger flot textile échappé de la bouche d'un homme recroquevillé, immobile. Rouge comme le sang, comme la force vitale qui s'en est échappée.
C'est le verbe qui point, l'anime, le ranime pour une danse secrète qui se révèle, celle de l'artiste, la métamorphose de la dépouille humaine, l'accomplissement par la réification du mot et l'incarnation du corps qui élève la création artistique au niveau du sacré.
Dans un de ses essais majeurs, "Le funambule", Jean Genet transcende l'histoire d'Abdallah et, par la métaphore duelle du funambule des mots et le fildefériste, tresse une secrète alchimie, entre abjection et glorification, qui doit conduire à percer le secret ultime de l'artiste qui peut devenir un dieu quand intervient la fusion d'Eros et Thanathos.
Pierre Constant porte magnifiquement ce texte dans sa démesure imprécatoire et dans sa poésie charnelle. Sous les voûtes de pierre de la petite salle Lautréamont de la Maison de la Poésie, par sa présence fascinante, s'opère la transmutation du corps et de l'esprit. Jean Genet, amant tragique, pygmalion exigeant, comédien inspiré, artiste flamboyant est parmi nous. |