Comédie dramatique de Roland Schimmelpfennig, mise en scène de Didier Sandre, avec Benjamin Abitan, Aymeline Alix, Mélissa Barbaud, Camille Cobbi, Nikita Huzouski, Kévin Lelannier, Vincent Menjou-Cortès, Antonin Meyer Esquerré, Pauline Ribat, Elena Roussina, Julie Roux et Lise Werckmeister.
Après le répertoire classique, avec "Rodogune" de Corneille sous la direction de Nada Strancar, les élèves de la même classe de 2ème année du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, sous la direction de Didier Sandre, présente un texte contemporain "Avant/Après" de Roland Schimmelpfennig composé d'une myriade de scènes particulièrement opportune pour la circonstance.
Didier Sandre, qui jouait récemment au Théâtre Athénée-Louis Jouvet "La femme d'avant" dans une mise en scène redondante, ne s'est pas laissé piéger et a privilégié, pour l'écriture cinétique et presque clinique de Roland Schimmelpfennig, la simplicité et la fluidité, voire l'épure.
Dans un décor anonyme et statique, dont l'hyper réalisme prosaïque permet d'atteindre et de montrer une sur-réalité névrotique, avec en projection, judicieuse, des toiles d'Edward Hopper, peintre de l'immobile et de la mélancolie, les comédiens sont souvent en résonance avec les postures des personnages qui posent dans ce que le journaliste Walter Wells, auteur d'un essai sur le peintre, qualifie de "théâtre silencieux". On reconnait aisément ses toiles emblématiques telles "Nighthawks", "Morning sun", "The night window", "Excursion into philosophy" ou "Summer evening".
Globalement les élèves sont visiblement plus à l'aise dans ce registre de collage de scènes, miroir sociétal où pointe la satire, avec des personnages anonymes, parfois récurrents, spectateurs de leur propre vie dans un présent perpétuel, modelé par le passé, qui n’est que solitude, stupéfaction et désolation, qui se croisent dans un incessant flot kaléidoscopique.
Mélissa Barbaud, Camille Cobbi, Vincent Menjou-Cortès et Aymeline Alix confirment l'impression laissée par "Rodogune" et Kévin Lelannier se montre particulièrment convaincant dans le monologue fantastique de "l'organisme" tout comme Julie Roux , irrésitible de drôlerie, à la Catherine Jacob, dans le monologue "la femme qui change continuellement d'apparence". |