Du jazz fusion semble être une allégation pour un artiste qui ne se range dans aucune de nos playlists habituelles. L’univers d’Ibrahim Maalouf et de ses musiciens est d’une organisation non conventionnelle.
Un jogging noir pour tenue de scène, une bague au pouce gauche pour battre le tempo. L’artiste entre en piste.
Le son de son titre "Obsession" joue avec nous dans une cour orientale, un voyage quelque peu étrange qui mène aux abords d’un rock où trompette et flûte traversière sont mises à l’honneur.
On apprécie d’autant plus le spectacle que chaque instrumentiste s’allie parfaitement à la biographie sonore du jeune Maalouf (y compris le multi instrumentiste d’origine bretonne jouant de la cornemuse, et oui !). D’ailleurs, chacun des titres de son dernier opus, s’adresse – par paire – à un de ses proches.
Grâce à une pointe d’humour, l’artiste nous met – et se met – à l’aise en pianotant. Car rien ne vaut un bon vieux ragtime pour impliquer le public qui reprend en chœur.
Des premiers aux derniers rangs ça fredonne : "Ta’dam DaDa Da’daamm Tada’Daaammmh !". Une mélodie, un de ces beaux airs, qui nous reste dans la tête. "Will soon be a woman", que je sifflotte encore, est une chanson inspirée des instants où il apprit qu’il allait être papa.
"- Une autre !" crie le public.
"-
Celle-ci est une composition de ma sœur Leïla", confie Ibrahim.
Les Supporters d’Artistes Good Vibes sont ébahis devant l’apparition sur scène d’un trio de claquement de mains. Dès lors, on voit l’ensemble des spectateurs se balancer timidement. La voix de sa trompette, mise en sourdine, nous donne la douce envie de comprendre tout ce qu’il exprime. Les différents univers musicaux sont utilisés à bon escient, ils s’accordent parfaitement. Chaque instrument est à sa juste place. Une pensée particulière pour le triangle candide.
Partons en voyage ! Le concert se poursuit… Sur les routes de Beirut, son enfance, la fuite de sa famille, la peur… Ibrahim nous confie : "j’écoutais du Led Zeppelin et cela a donné ce morceau" : "Beirut" dégage beaucoup d’émotions. Il semble nous raconter en détail l’ambiance dans les rues de la ville. Au cœur des âmes, tous les regards rivés sur le trompettiste trentenaire s’accordent à dire que l’homme est touchant.
Ah ! Sonnent les cloches de la salsa ! C’est bon ça ! A vrai dire, tout le génie de Maalouf fils est là : l’intelligence de ne pas se cantonner à un style de musique prédéfini.
Manifestement, le public apprécie et offre aux six musiciens une standing ovation bien méritée.
Du jazz oui, mais pas seulement.
Cet océan multi ethnique dans lequel baigne sa musique, applique la citation de Charlie Parker dont Ibrahim aime faire référence : "La musique, c'est ta propre expérience, tes propres pensées, ta propre sagesse. Si tu ne la vis pas, elle ne sortira pas de ton instrument. On t’enseigne qu'il y a une frontière de la musique. Mais il n'y a pas de frontières dans l’art".
Amateurs de musique et peu importe la catégorie, les Supporters d’Artistes Good Vibes vous souhaitent d’assister en live aux expérimentations pertinentes et passionnantes d’Ibrahim Maalouf. |