Coucou ! Nous revoilou au Fort de Saint-Père pour la suite des festivités avec aujourd'hui encore, une programmation toute à fait alléchante.
Comme hier la journée débute sur la petite scène des remparts avec, en guise d'apéritif, l'excellent Jackson Scott, branleur authentique de 18 ans, qui ne triche pas. Le jeune homme qui sort son premier disque chez Fat Possum ces jours-ci étonne et détonne avec des compositions d'une maturité rare, parfois bancales, toujours sur le fil mais définitivement sincères. Les artistes qui privilégient l'émotion à la technique sont rares, en ces termes Jackson Scott a tout compris et on lui souhaite une bien belle carrière. La relève de Pavement est en route !
Le moment épique du concert fut sans aucun doute la reprise de "Interstellar overdrive" de Pink Floyd version punk lo-fi qui débouchait sur une composition exaltante du gaillard. Aussi, Jackson Scott fut le seul artiste avec quelques membres de Woods à se balader dans le festival, pas de prise de tête, ni de pose, tout ceci n'est qu'un jeu, et ça aussi il l'a bien compris. L'ouverture d'esprit est importante en musique, est-il réellement important de le rappeler ?
Woods investit la grande scène pour un set inégal, à rapprocher du mouvement hippie, le groupe excelle alors en festival (d'ailleurs, il possède son propre festival, le Woodsist Festival, en rapport avec le label indé du même nom), le public accroche et, même si de notre côté ça ne prend pas, les compositions proposées sont efficaces, même si l'on retiendra surtout l'énorme jam qui fera surchauffé les fuzz et les wah-wah pendant plus de 10 passionnantes minutes.
Ce qui ne fut pas le cas pour Efterklang, groupe de poseurs particulièrement énervants et incapables de tenir une scène. Faussement proche du public, le groupe se permet des blancs entre les morceaux, ce qui casse complètement le rythme de leur set et du coup du festival. Difficile d'accrocher à cette synth-pop, très légère au niveau mélodique. Les réponses entre l'irritant chanteur (qui exagère et se prend pour Bryan Ferry) et la chanteuse ne fonctionnent pas, l'ensemble est casse-gueule pour un concert de festival. Il commence à pleuvoir ce qui n'aide pas, c'est l'heure de noyer le pastis, et les cieux semblent être parfaitement d'accord.
Halala les Allah-Las débarquent sur la petite scène. Petite scène qui est définitivement synonyme de découverte cette année. Les Allah-Las sont un groupe de disquaire et cela se sent. Encore une fois, pas de démonstration technique, mais une musique développée logiquement avec passion. Cela sonne comme une évidence et le set proposé ce soir fut purement jouissif. Malgré la pluie fine (qui donne l'étrange sensation d'avoir un pulvérisateur en mouvement perpétuel devant la gueule) et la nuit, l'on imagine aisément un coucher de soleil sur Venice en Californie.
Cela donne l'irrémédiable envie de se replonger dans le garage rock (à l'instar de la conférence sur ce même sujet donné en début d'après-midi par Christophe Brault), mais aussi, lors des superbes instrumentaux proposés par le groupe, de prendre sa planche de surf et de prendre le large. L'on retiendra notamment de ses instrumentaux, les excellentes lignes de basses.
L'un des moments les plus attendus du festival retentit enfin et ce, par un drone. Godspeed You! (Chk ?) Black Emperor est là. C'est en ombre chinoise que le groupe apparaîtra au travers de faisceaux lumineux. Les écrans géants situés sur les côtés de la scène ne diffusent plus ce qui se passe sur les planches, mais un film type super 8 qui est exactement le même que sur les dernières dates de la tournée du groupe.
En revanche, la setlist est complètement différente puisque les morceaux de ce soir n'étaient que des inédits à part un extrait de Lift Your Skinny Fists Like Antennas To Heaven... Le devant de scène est en transe, par contre, derrière on s'interroge, les gens partent au fur et à mesure, certains festivaliers s'exclament "On veut des explications !".
Le débat est lancé : GY!BE est-il un groupe pour festival ? Oui, car au niveau sonore aucune salle n'est capable de supporter un tel mur de son, ce qui fut particulièrement jouissif pour l'audimat grâce à une clarté sonore exceptionnelle. Après, il faut reconnaître que la douche est violente quand on n'est pas préparé psychologiquement. C'est vrai qu'une tête d'affiche sans la moindre parole a de quoi déconcerter. Quoiqu'il en soit, la prestation de Godspeed fut inoubliable pour tout le monde, pour ne pas dire emblématique et deviendra sans aucun doute un cas d'école.
28 minutes plus tard, les survivants affrontent les Zombie Zombie sur la scène des remparts. Ce trio avant tout percussif, est composé deux batteurs (dont celui de Herman Dune) qui jouent face à face. Au milieu, Etienne Jaumet est entouré de synthétiseurs et notamment d'un moog. Ce groupe minimaliste qui se revendique autant de John Carpenter que du Krautrock (celui de Neu ! et de Kraftwerk), est très intéressant, basé sur des montées intenses et constantes qui amènent à une transe certaine. L'un des points forts du festival à n'en point douter, qui ravira autant les fans d'électro que les fans de musique expérimentale.
Changement d'ambiance radical sur la grande scène, avec les Bass Drum Of Death, groupe de garage (limite grunge) primitif qui, à défaut de réinventer le genre, accouchera d'une énergie parfaite pour cette soirée à l'ambiance quasi apocalyptique depuis une paire d'heures. L'ensemble est agréable mais finit par lasser. La voix du chanteur, trop monocorde et pas toujours juste (malgré la reverbe) y étant pour beaucoup.
TNGHT, duo électro du label Warp, conclut la soirée en changeant une dernière fois l'ambiance décidément bien éclectique de ce deuxième jour. |