Spectacle musical conçu et interprété par Martin Verschaeve et François Santucci dans une mise en scène de Maïa Liaudois.
C'est par une sublime déclaration d'amour à la chanson française que démarre "Les deux oncles", titre emprunté à une chanson de Georges Brassens, un spectacle qui imagine un dialogue entre ces deux grandes figures de la chanson que sont Georges Brassens et Jean Ferrat, qui vous reçoivent "comme chez eux".
A la suite d'un échange qui eut lieu à la fin des années 60, François Santucci et Martin Verschaeve ont imaginé une plaisante conversation, certes fictive mais qui reprend les points de vues et les pensées des deux artistes, tirés d'interviews ou de conversations réelles.
On y retrouve (ou on y découvre) un Brassens (incarné avec une troublante vérité par François Santucci) dont la seule prétention est de faire de belles chansons sans vouloir y mêler la politique (mais non sans donner son avis) et un Ferrat (dont Martin Verschaeve montre bien le caractère entier et impulsif) qui veut changer la société grâce à ses textes.
Le débat démarre d'ailleurs sur sa chanson "En groupe, en ligue, en procession" qui répond à celle du grand Georges "Le pluriel"("Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on est plus de quatre, on est une bande de cons"). Suivront la vision de chacun des deux sur la société ou sur l'art.
Imaginant ces deux illustres poètes aujourd'hui, ils font débarquer Brassens sur un plateau de télé, le confrontant à un "découvreur de nouveau talents". Parodie caustique des émissions de "prime time", c'est aussi l'occasion d'entendre les Beatles chantés par Brassens.
Le spectacle alterne entre gravité et ces moments savoureux de comédie, dans lequel les deux comédiens, fort bien mis en scène et dirigés par Maïa Liaudois, présentent un concept sympathique et chaleureux.
Celui-ci permet avant tout de réécouter les chansons et de se rendre compte à quel point nous manquent ces deux poètes qui résonnent d'autant plus fort aujourd'hui, qu'ils mettent en évidence le vide abyssal qui les a suivis.
Une évocation aussi savoureuse qu'intelligente sur deux immenses chanteurs. Un tendre et émouvant hommage à ne pas rater.
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