Comique-opéra de
Jean-François Sivadier, mise en scène de Victorien Robert, avec Mathieu Alexandre, Benjamin Brenière, Katia Ghanty, Élise Noiraud, Thomas Nucci et Maud Ribleur.
Pour sa première mise en scène, et concourant pour le Prix jeunes metteurs en scène 2011 du Théâtre 13, Victorien Robert, promotion 2007 des Ateliers du Sudden Théâtre, a opté pour une pièce dans laquelle le public est artificiellement intégré à l'espace scénique pour secouer le statut du spectateur de théâtre qui, selon lui, est devenu "une espèce à part, un peu trop confortablement installé devant un art qui ne le surprend plus ". En d'autres termes, pour casser le fameux 4ème mur.
Son choix s'est donc porté sur "Italienne Scène et Orchestre" dont la thématique récurrente, et désormais éculée, quand bien même fut-elle traitée par Jean-François Sivadier, est celle du théâtre dans le théâtre montrant l'envers du décor, généralement peu reluisant, des brainstormings des théâtreux et/ou des répétitions "à l'arrache".
Inspirée de la réalité, ce qui explique la médiocrité de nombre de spectacles à l'affiche, elle aborde, sous forme de comédie en tableaux, les péripéties des laborieuses séances de travail d'un opéra de Verdi menées par des acteurs culturels stéréotypés qui constituent une belle galerie de portraits caricaturaux, dans lesquelles les spectateurs sont assimilés à des choristes.
Victorien Robert en monte une version resserrée, faisant notamment abstraction du personnage clé qu'est la diva, et customisée puisqu'il indique "aller plus loin que le texte" en y insérant des intermèdes de jeu permettant la mise en place de l'imaginaire des comédiens, ce qui, en l'espèce, n'est générateur d'aucune valeur ajoutée, dans une mise en scène de café-théâtre privilégiant les effets comiques.
Ainsi, sous les projecteurs d'une salle pleins feux quasiment toute la durée du spectacle, le public assiste aux agitations artistiques d'une bande de branquignols dont pas un pour racheter l'autre qui tentent de répéter "La Traviata" : un metteur en scène qui essaie de partager ses fumeuses fulgurances dramaturgiques avec un vocabulaire indigent (Mathieu Alexandre qui joue à la Guillon) en brisbille avec un chef d'orchestre mégalomane à l'accent latino (Thomas Nucci entre Elie Kakou et Alfredo Arias), une assistante multitâches débordée qui a laissé son cerveau au vestiaire (Maud Ribleur étonnante), une jeune chanteuse ahurie elle aussi un peu molle du carafon (Elise Noiraud plus vraie que nature), un ténor confirmé surtout dans sa bêtise (Benjamin Brenière en surjeu de rigueur) et une pianiste teutonne gardienne du respect des horaires syndicaux (Katia Ghanty).
Faut-il en rire ou en pleurer ? La partition ravira sans doute le spectateur friand de s'immerger dans le microcosme souvent envié des artistes et de découvrir les arcanes et les contingences du spectacle vivant. |