Comédie dramatique de Witold Gombrowicz, mise en scène de Guillaume Bailliart et Mélanie Bourgeois, avec Jacques Bailliart, Mélanie Bestel, Atsama Lafosse, Georges Campagnac, Pierre-Jean Etienne, François Herpeux, Aurélie Pitrat et Jean-Christophe Vermot-Gauchy.
Dans un royaume imaginaire, tous les jours de la semaine, le roi, la reine et le p'tit prince s'ennuient dans leur ordre fantoche jusqu'au jour où ce dernier rencontre Yvonne, une fille de basse extraction, muette, moche, molle, bref niquedouille, selon les termes mêmes de l'auteur, qui lui semble appropriée pour le divertir. Mais sa simple présence déstabilise en agissant comme un miroir sans concession. Tel est l'argument de "Yvonne, princesse de Bourgogne" de l'auteur polonais Witold Gombrowicz.
Sur scène, les Yvonne se suivent et ne se ressemblent pas. Après celle baroque et magistrale de Anne Barbot qui sublime l'apologue original, voici celle foutraque et postmoderne de Guillaume Bailliart et Mélanie Bourgeois qui le dynamite.
En effet, au menu, gags et répliques additionnelles, multiplicité des registres de jeu, chaque acteur y allant du sien ("chacun est porteur d’un geste, d’un genre" précise la note d'intention des metteurs en scène), accumulation d'éléments de décor et costumes-fripes obédience Deschiens et fausse audace de la spectatrice tirée au sort pour interpréter le rôle titre alors qu'il s'agit d'une comédienne installée dans la salle.
Sur ce point il semble évident que peu de spectateurs sont assez naïfs pour croire que chaque soir les spectatrices féminines sont listées et l'une d'elle soumise aux injures dédiées à Yvonne. Et pourtant, la comédienne Atsama Lafosse à la coiffure afro fagotée en étudiante babacool fait illusion auprès de certains.
Le prince et son copain (respectivement François Herpeux et Pierre-Jean Etienne) qui rivalisent dans l'esprit potache, la reine hystérique (Mélanie Bestel), le roi sans pantalon (Georges Campagnac), Aurélie Pitrat et Jacques Bailliart qui jouent les utilités et Jean-Christophe Vermot-Gauchy qui tire son épingle du jeu dans le rôle du chambellan se démènent comme de beaux diables sans même parvenir à étouffer la pauvre Yvonne.
Pour les spectateurs qui apprécient les plateaux champs de bataille, l'esprit soixantuitard à la Castorf mais sans la provocation et le théâtre d'intervention des années 60 revu par Vincent Macaigne mais sans les fluides. |