Pour cette Master Classe de février 2012, Jean-Laurent Cochet annonce derechef une "fringale" de fables, les fables de La Fontaine qui constituent la base de l'enseignement de l'art dramatique et qui ne figuraient pas au programme des dernières master classes.
Moment de grâce ce soir puisque c'est la perfection avec Yves-Pol Denielou qui dit "Le songe d'un habitant du Mogol" et un festival de vivacité avec Anthony Henrot, avec son petit accent et son emploi de Marius, devenu le maître des fables, qui enchaîne "Le gland et la citrouille", "La poule aux oeufs d'or" et "Le laboureur et ses enfants" et tous deux son amplement félicités par le Maître.
Ensuite, place au scènes qui feront toutes l'objet d'un travail approfondi au mot près et pour lesquels les élèves déjà sur le gril face au public sont poussés dans leurs derniers retranchements.
Car être comédien ne consiste pas à se limiter, et se contenter, de dire de mémoire sa réplique de mémoire en se référant à la brochure, la fameuse et "maudite" brochure, sur laquelle les mots pris au carcan de la nécessaire ponctuation sont morts et ne revivent, porteurs du sens que lui a donné l'auteur, que si l'interprète lui donne la vie de la langue parlée ("passer de l'interprétation à la spontanéité élaborée") comme il se glisse dans la peau et dans l'histoire du personnage qui a commencé bien avant la première scène du premier acte.
Entreprise colossale que, à chaque Master Classe, découvrent les nouveaux spectateurs - et que ceux fidèles ne cessent d'appréhender - et dont Jean-Laurent Cochet espère qu'elle aiguisera leur discernement quant à l'art théâtral et à la qualité des spectacles proposés sur les scènes parisiennes.
Ce soir, Yves Scheuner et son nouveau partenaire Olivier Balais, remet sur le métier une scène de "Le menteur" de Corneille dans laquelle Géronte annonce à Dorante, le menteur atavique, son projet de le marier, qu'il a déjà présentée en Master Classe et qui montre que s'il progresse, rien n'est jamais acquis.
Pour la scène de l'entretien de l'Infante de Navarre et Inès de Castro dans "La Reine morte", le chef d'oeuvre de Henry de Montherlant, présentée par Mélanie Le Bras et Christel Pourchet, le travail approfondi se concentrera sur les deux seules premières répliques.
Un travail fructueux de défrichage et de compréhension qui sera également de mise avec la scène de "L'avare" de Molière dans laquelle le venimeux et méchant Harpagon (Hugues Popot) prend un malin plaisir à manipuler son fils Cléante (Gabriel Mirété).
A noter que, dans le cadre des rencontres de l'Auguste qui se dérouleront à l'Auguste Théâtre les 5 et 8 mars 2012, les spectateurs pourront retrouver les élèves les plus aguerris de Jean-Laurent Cochet présenter un travail abouti à partir de l'oeuvre de Shakespeare et ce en langue anglaise et dans un large extrait de la pièce "Une fille pour du vent" de André Obey. |