Après une déambulation bucolique dans les jardins romantiques français en 2011, le Musée de la Vie romantique propose une invitation à la découverte des intérieurs romantiques.
En effet, en association avec le Cooper-Hewitt, National Design Museum de New York, il présente sou sl etitre "Intérieurs romantiques - Aquarelles 1820-1890" un ensemble exceptionnel d'oeuvres graphiques consacrées à des vues d'intérieurs du 19ème siècle européen issues de la donation du collectionneur et marchand d'art américain Eugene V. Thaw.
Les commissaires de l'exposition, Gail S. Davidson, docteur en histoire de l’art, directeur du cabinet des arts graphiques du Cooper-Hewitt, National Museum of Design de New York, et Daniel Marchesseau, directeur du musée de la Vie romantique, l'ont articulée autour de deux thèmes, l’histoire d’une collection et la naissance d’un genre.
Mais cette exposition, qui invite le visiteur à s'immerger dans l'intimité des palais et des hôtels particuliers et revêt ainsi le caractère d'une invitation au rêve, est par ailleurs riche d'enseignements tant au plan social que artistique et esthétique.
Portraits d'intérieurs du 19ème siècle : les memento vivi d'un art de vivre et de l'évolution de l'architecture et de la décoration d'intérieur
Comme l'indique Daniel Marchesseau dans le catalogue, "les vues d'intérieur sont les perles les plus fines d'un marché de l'art pour connaisseurs raffinés".
Le premier intérêt de l'exposition est donc de rendre hommage à un genre pictural spécifique inscrit dans l'Histoire de l'Art, et plus précisément des arts graphiques.
Un genre issu simultanément de la mode, à la fin du 18ème siècle, des albums de vues d'intérieur constitués de dessins d'amateurs, de la vogue de l'aquarelle, pratique picturale relancée en Angleterre, de l'émergence de la notion moderne de la famille et de la grande bourgeoisie.
Alternative au traditionnel portrait en effigie que constituait le portrait d'intérieur, la vue d'intérieur a donc rencontré un vif succès dans toute l'Europe, les trois principales écoles étant l’Angleterre, la France, et l’Allemagne, jusqu'à l'avènement de la photographie.
Par ailleurs, se caractérisant par une grande minutie d'exécution et une abondance de détails pour une restitution parfaite et fidèle de l'existant en ce qui concerne tant la décoration et le mobilier, elles permettent de suivre l'évolution des arts décoratifs et du goût.
Ainsi illustrent-elles le rococo à la française, le goût anglais symbolisé par le Chippendale puis par le style Regency et le style géorgien, le Biedermeier en Allemagne et dans les pays du Nord, ou la mode de la "pièce chinoise".
Enfin, ces portraits d'intérieurs présentent également un intérêt sociologique en témoignant d'une double évolution symétrique entre les intérieurs aristocrates et les intérieurs bourgeois.
Les castes nobles, les familles régnantes et les aristocratiques, immortalisent pour le souvenir les luxueuses pièces d'apparat avant d'opter pour un confort bourgeois qui limitent les espaces publics des palais et châteaux au profit des pièces à vivre en privé dans lesquelles règnent le confort et l'esthétique qui priment la pompe ostentatoire.
En revanche, la grande bourgeoisie, soucieuse d'affirmer son aisance financière et de s'imposer tant dans le domaine politique que culturel, tient salon.
Aussi les charmes discrets de la bourgeoisie se dévoilent-ils au sein des salons, bibliothèques et salons de musique, auxquels sont conviés des privilégiés pour partager les plaisirs de la conversation et des arts.
A découvrir donc, ne serait-ce que "pour le plaisir des yeux" et l'incitation à une évasion nostalgique dans les demeures d'antan au sein des ateliers situés à proximité de la maison construite par le peintre-portraitiste Ary Scheffer qui recèle les collections permanentes du musée à voir ou à revoir par la même occasion avant de clôre la visite par un,thé au jardin. |