Au royaume des thrillers, nombreux sont les prétendants à la consécration... Beaucoup d'appelés et peu d'élus dans le monde des grandes plumes du polar. La collection "Pôle Noir" de MA éditions publie le premier roman de Tim Weaver, Chambre froide, volume inaugural d'une trilogie axée sur son personnage de David Raker, détective spécialisé dans la recherche de personnes disparues.
Rongé par la mort de sa femme un an plus tôt, le détective est contacté par une mère, persuadée d'avoir revu son fils, pourtant mort quelques mois auparavant dans un accident de voiture. D'abord sceptique, David Raker accepte de mener l'enquête et se trouve pris malgré lui dans une machination où se côtoient secrets enfouis et passés chargés, tueurs sanguinaires et organisation diabolique.
Alors, avec un synopsis pareil, on se dit que ça commence plutôt bien : un héros torturé à l'histoire tragique, une épouse disparue dont le souvenir reste intact, une mère éplorée et un fils revenu de l'au-delà, pas de doute, les ingrédients pour un bon polar sont là... Mais las (justement) le soufflé retombe aussi vite qu'il est monté. Si on entre assez rapidement dans l'histoire, pris au jeu par cette recherche mystérieuse, le style simple de l'auteur devient vite poussif et sans saveur, à l'image du personnage phare, qui se révèle rapidement plat, vide, et fade. Les indices distillés au fur et à mesure du récit manquent de liens et sont plaqués les uns derrière les autres, rendant difficile l'accroche du lecteur... qui a de toute façon décroché depuis longtemps. Jusqu'aux deux-tiers du récit, on se demande encore ce qui se trame derrière la disparition / réapparition de ce fils prodigue pourchassé par David Raker, mais l’apparition du groupe mystérieux complètement improbable (au nom évocateur de "projet calvaire") et de ses membres démoniaques finissent à enterrer complètement le récit. Calvaire il y a bien, mais plutôt pour le lecteur !
La traduction française dessert sans doute Tim Weaver. Mais pour autant, ce premier roman émaillé d'incohérences, de répétitions et de longueurs laisse le lecteur dans un abîme d'ennui profond. On souhaite ardemment qu'il réajuste son tir pour les deux tomes suivants annoncés, car au cœur de l'hiver cette Chambre froide s'oublie aussi vite qu'elle a été ouverte, avec une envie féroce de passer à autre chose. |