Seul en scène écrit et interprété par Valéry Ndongo avec le regard de Criss Niangouna.
Dans le cadre du Festival Sautes d'humour programmé au Tarmac, le public parisien avait découvert en 2009 l'humoriste camerounais Valéry Ndongo avec "James Black acteur mais pas comédien" puis l'année suivante par "Bienvenue O Kwat".
Sous la forme d'un seul en scène roboratif, il brossait son quotidien autofictionne et regardait le monde par le petit bout de la lorgnette, celui de son kwatt, son quartier dans la ville de Yaoundé.
Depuis, ce pionnier du one man show au Cameroun est devenu une immense vedette dans son pays et a fondé l'association Africa Stand Up pour valoriser le genre humoristique, le "Valery Comedy Club" et l'Académie du Stand up. Le jeune homme filiforme branché sur 100 000 volts a gagné en assurance et s'est étoffé tout en gardant intact son sourire désarmant de naïveté malicieuse, son sens du comique et son jeu empathique qui fait toujours mouche.
Dans ce nouvel opus, sapé comme un milord, son héros, un artiste, chanteur de chansons françaises qui veut tenter sa chance en France, débarque à Paris muni de sa petite valise en carton et commence par rendre visite à l'Ancien qui va lui fournir les clés de l'intégration avant d'entamer le parcours du combattant qu'est celui de l'obtention des fameux "papiers".
"Voir Paris et mourir jeune" se démarque des deux opus précités, d'une part, par sa volonté de prendre un virage résolument politique, et, d'autre part, en privilégiant la thématique de la mise en parallèle des cultures et des peuples articulée autour du rapport Noir/Blanc dans le cadre de la situation de l'émigré.
Si demeurent quelques portraits hauts en couleurs et son aisance pour la tchatche, en voulant brasser plus large dans un registre déjà saturé son nouveau one man show a perdu de sa singularité, qui tenait non seulement à sa "couleur locale" mais également à sa fraîcheur.
En contrepartie, la pratique du rire "engagé" l'amène, entre autres, à fustiger les initiatives humanitaires privées, dénoncer l'invasion chinoise en Afrique, se gausser de la condescendance de la pratique linguistique du politiquement correct et réfuter les leçons de démocratie données par les anciens pays colonisateurs.
Le public, subjugué par ses airs de faux Candide moqueur et son sourire bonhomme, est ravi même si parfois le rire vire au jaune quand il pousse parfois le bouchon un peu loin. |