Texte de Jean-Luc Lagarce dit par Martin Juvanon du Vachat dans une mise en scène de François Thomas.

Assis sur sa chaise, Martin Juvanon du Vachat attend que le public s'installe. Ce jeune barbu souriant est très élégant dans sa robe du soir noire rehaussée d'une belle étole rouge. Avec ses longs gants noirs, on pourrait imaginer qu'il va chanter "Put the blame on mame", comme Rita Hayworth dans "Gilda".

Ce ne sera pas le cas. Dès que les lumières s'éteignent, on découvre qu'on est en présence d'un arbitre des élégances, d'un fin connaisseur des us et des coutumes du savoir-vivre. De la naissance aux obsèques, en passant par les fiançailles, les épousailles, ou les noces d'or, il/elle a un avis éclairé sur tout.

Ce n'est pas Gilda qui est devant le public, même si Martin Juvanon du Vachat, en danseur de formation, s'exprime souvent avec ses mains. Non, c'est un mélange subtil entre Conchita Wurst, le vainqueur de l'Eurovision, et Valérie Lemercier, période "Palace", quand elle y distillait d'improbables conseils de savoir-vivre.

Dans ce texte, écrit en 1994, Jean-Luc Lagarce, lui, a agencé avec humour et légèreté d'authentiques éléments protocolaires de cérémonies administratives, religieuses ou familiales. Son accumulation finit par ressembler à un chemin que tout le monde emprunte peu ou prou de sa naissance à sa mort.

Martin Juvanon du Vachat est très réactif quand le public se manifeste d'un rire ou d'un ricanement. Son œil se fait rond pour ramener le rieur à la raison raisonnable qui sied à son catalogue de bonnes manières.

C'est un cours instructif qui pourra profiter à celui qui saura en tirer les leçons. Mais, quand le savoir-vivre devient un savoir-mourir, l'acteur sait créer une réelle émotion.

Ce spectacle inattendu extrait d'un texte peu connu de Jean-Luc Lagarce, qui peu à peu paraît de moins incongru dans son œuvre, est loin d'être anecdotique. Ce qu'en a fait son metteur en scène François Thomas permet de confirmer la grandeur de Lagarce, même dans quelque chose qui semble au premier abord secondaire.

Certes, "Les règles de savoir-vivre dans la société moderne" sont peut-être trop nombreuses et on pourrait se dispenser de quelques conseils pour donner encore plus de force à ce texte hors du commun. Reste qu'il faut découvrir ce travail qui a l'avantage d'éclairer une nouvelle facette de l'oeuvre de Jean-Luc Lagarce et de révéler en Martin Juvanon du Vachat un comédien fort intéressant.