Pendant plus de dix ans, Catherine Rolland a exercé la médecine en zone rurale puis dans un service d’urgence. Originaire de Lyon, elle vit maintenant en Suisse, où sa passion pour la littérature lui a permis de signer ses premiers livres. Le cas singulier de Benjamin T., son cinquième ouvrage, vient de sortir, édité aux éditions Les Escales.

Benjamin T., c’est Benjamin Teillac, un ambulancier qui connaît une vie sentimentale tourmentée. Sa femme ne l’aime plus, son cœur est pris par un autre. Elle a quitté le domicile et son fils lui fait la gueule. Benjamin est dans un passage de sa vie un peu compliqué. Epileptique, il risque aussi de perdre son emploi d’ambulancier car celles-ci deviennent de plus en plus fréquentes. Les traitements classiques donnés par son neurologue ne permettent plus de les endiguer. Son neurologue lui propose alors un nouveau traitement révolutionnaire qu’il décide d’accepter malgré les réticences de son ami David.

David fait partie de ceux qui peuvent l’aider, sur lesquels il peut compter pour être soutenu. David lui propose de l’accueillir quelques jours dans sa maison pour le réconforter. Chez David, les problèmes de santé de Benjamin le rattrapent. Il fait des crises d’épilepsie qui va le propulser dans une autre réalité. Son nouveau traitement lui donne des hallucinations. Le voilà alors se retrouvant sur un chemin enneigé, en train de faire le guet, entouré de jeunes hommes qu’il ne connaît pas, à qui pourtant il s’adresse comme à des familiers. Benjamin se retrouve en fait en pleine Seconde Guerre mondiale, aux côtés de son frère, à mener la résistance.

Benjamin va donc vivre deux vies et passer de l’une à l’autre en fonction de ses crises. Les deux histoires s’entrechoquent, il est tour à tour un Benjamin malheureux qui vient de voir sa femme le quitter pour son patron et un Benjamin valeureux et courageux qui mène la résistance dans le maquis du sud de la France.

C’est donc en fait non pas un mais deux romans que nous offre Catherine Rolland. L’un se déroulant en Haute-Savoie vers la fin de la guerre et l’autre se déroulant de nos jours à Lyon. Le narrateur est le même tantôt Benjamin Sachetaz, tantôt Benjamin Teillac. Le Benjamin de 1944 connaît l’avenir quand celui de 2014 connaît le passé et c’est ce qui fait en grande partie l’originalité de ce livre.

Avec son dernier livre, Catherine Rolland, au-delà de son talent d’écriture, fait preuve d’une grande audace avec cette double histoire originale qui pose de nombreuses questions sur la schizophrénie, la vie après la mort, la possibilité de revivre son passé.

Le cas singulier de Benjamin T. est une très belle lecture, entre histoire et présent, d’un réalisme époustouflant qui fait beaucoup réfléchir.