Voilà un des évènements de l’histoire de France bien loin de faire partie des plus connus qui fait l’objet d’un ouvrage particulièrement intéressant venant de sortir sous la plume de Jacques-Olivier Boudon, professeur à la Sorbonne et président de l’institut napoléon.
L’événement que nous raconte l’auteur eu lieu le 22 septembre 1822 lorsque quatre sergents furent guillotinés à Paris. Trois d’entre eux avaient appartenu à la Grande Armée de Napoléon. Déçus par la monarchie de Louis XVIII, ils s’étaient laissé séduire par un projet d’insurrection fomenté par la Charbonnerie, sorte de société secrète où on retrouve des militants libéraux, et à la tête de laquelle est le célèbre général La Fayette. Découverte, la conspiration donne lieu à un procès auquel échappent les véritables chefs de celle-ci. Seuls sont condamnés des seconds couteaux. Les royalistes ultras désormais à la tête du pays ont voulu faire un exemple.
L’indignation populaire est générale. Pendant un siècle et demi, du jour de l’exécution jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le martyr des quatre sergents de la Rochelle sera répété, raconté, révéré, employé comme un argument définitif contre une monarchie abusive, par les bonapartistes, bien sûr, mais aussi par les républicains de toutes les sortes.
Pour commencer, c’est un épisode de l’Histoire de France que je connaissais mal. Du coup, mon plaisir de lecture en a été décuplé puisque j’y ai appris beaucoup de choses. Et comme l’ouvrage est d’une précision diabolique, preuve en est le répertoire conséquent et précis des différents acteurs de cette histoire en fin d’ouvrage, l’auteur parvient à nous permettre d’appréhender parfaitement les tenants et les aboutissants de cette histoire.
Se dévoile alors au fil des pages le destin de ces quatre sergents de façon détaillée avec en même temps une analyse pertinente de la Charbonnerie française de l’époque et de ses sociétés secrètes à vocation explicitement politique préparant dans la clandestinité le renversement de la tyrannie.
Les complots, les manipulations, l’enquête menée et ses zones d’ombre font de l’ouvrage une lecture passionnante qui en même temps témoigne des multiples déchirements que connaissait la société française à l’époque.
L’autre intérêt de cette lecture repose sur les conséquences de cette affaire, de la vision caricaturale qu’on a pu avoir de cette affaire, l’auteur prenant soin de bien nous expliquer l’impact de cette affaire qui ne laisse aucune place à l’oubli.
Jacques-Olivier Boudon dévoile donc non seulement les coulisses d’un des plus fameux complots du 19ème siècle mais aussi ce lui d’un mythe fédérateur des oppositions au Roi, au pouvoir arbitraire, à l’oppression, trente ans à peine après la Révolution française et la prise de la Bastille. |