Comédie
de Benjamin Oppert, mise en scène de Philippe Brigaud,
avec Aurélien Charle, Christine Melcer, Rémy Oppert
et Michel Pilorgé.
Benjamin Oppert est fils de comédien et au fait, de
par ses fonctions passées auprès d'élus
parlementaires et municipaux, des arcanes politiciennes. Rien
d'étonnant, dès lors, que sa deuxième pièce
"Les tentations électives", une cocasse comédie
finement satirique et habilement ficelée, soit nourrie
des deux thèmes que sont l'hypocrisie théâtrale
et la comédie politique.
Tout commence par une retransmission, depuis le Théâtre
du Nord-Ouest, d'une fantaisiste cérémonie des
Molière, Molière qui sera présent tout
au long de l'intrigue par le biais de citations et détournement
de répliques, sous la houlette de Michel
Pilorgé, impayable maître de cérémonie
plastronnant, dépassé par des événements
inopinés.
En effet, celui-ci se voit ravir la vedette par plus bavard
que lui en la personne du récipiendaire interprété
de manière savoureuse par Rémy
Oppert, cabot magnifique en fin de carrière qui
joue de tous les trémolos pour magnifier sa personne
et nourrir des remerciements fleuves et de la ministre de la
culture qui saisit l'occasion pour la détourner en tribune
politique.
Mais ce comédien et cette ministresse, executive woman
carriériste délicieusement interprétée
par Christine Melcer, ne sont pas
des inconnus mais d'anciens amis très proches qui se
sont perdus de vue et dont les retrouvailles inattendues réservent
bien des surprises.
Servie par une mise en scène rigoureuse de Philippe
Brigaud, totalement adéquate et agrémentée
de judicieux intermèdes pour les changements d'acte,
et par ces comédiens aguerris, auxquels se joint le jeune
Aurélien Charle, cette comédie
éclairante et divertissante qui épingle, d'une
certaine manière, la société du spectacle
qui instrumentalise l'homme et le détourne des vraies
valeurs, ressortit de la bonne comédie à la française
sans céder à la facilité ni verser dans
le gros boulevard.
Elle révèle aussi un jeune auteur dramatique
qui a le sens de l'intrigue, sait traiter de sujets contemporains,
et cependant intemporels, avec un sens aigu de l'observation,
et ciseler des dialogues concis et maîtrisés tout
en faisant mouche avec des mots d'auteur.
Le public est conquis par cette comédie humaine et,
bien entendu, toute ressemblance avec des personnes existantes
ne saurait être que fortuite.
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