Dick Rivers fête cette année ses cinquante ans de carrière et ça, ça compte dans une vie de dur labeur. Dick Rivers était là au tout début du rock en France, il est une pierre de cet édifice. Avec ses Chats Sauvages, puis très vite en solo, il a fait danser toute une génération, et la suivante.
Il a rencontré le King, participé à une émission télé organisée par les Beatles, il s'est mesuré à des stades et des salles plus petites. Il a rencontré et travaillé des musiciens divers et variés. On l'a fait lutter - car ça reste une question de marketing entre maisons de disque - contre notre Johnny national et Eddy Mitchell.
Mais sur ce combat de chapelle rock, il a toujours été considéré comme le troisième larron de l'affaire, et ça le mine encore. D'après lui, cela est une question de timing. Avec les Chats Sauvages, ils ont été les derniers de ce triumvirat rock n'roll, à sortir leur 45 tours, et cela l'a marqué au fer rouge des médias pour toute une carrière. Non Dick n'est certainement pas en reste, et n'a rien à envier à personne, il s'en ouvre d'ailleurs tout au long de ce livre d'entretiens dans lequel il aborde sans tabous tous les sujets par thématique. C'est d'ailleurs ce classement qui rend ce livre quelque peu indigeste, il s'y dessine une sorte de plan, assez flou et peu attrayant.
En tout cas, Mister D nous compte l'histoire d'un homme sans concessions, qui navigue dans l'histoire de la musique. Un acteur majeur, selon lui et d'autres, un artiste qui ne doute pas de son talent, de ses capacités. En revanche, l'amertume du manque de reconnaissance est permanent, pesant. De l'apanage de l'âge, il se fait vieux sage et n'hésite pas à "balancer" le milieu du showbiz et certains de ses acteurs. Certains propos ont d'ailleurs été repris par la presse people qui n'en a retenu que les déclarations les plus âcres et on ne peut les en blâmer, car sans être un règlement de compte à proprement parler, les anecdotes sur les personnes qui lui sont redevables, ou les travers du milieu sont légion. A la lecture de ce livre, on pourrait lui attribuer la chanson de son rival "Le Chanteur Abandonné".
Néanmoins, les coins de ciel bleu existent tout de même, sous la forme de rencontre heureuses (sa femme entre autre) de personnes avec qui il a travaillé, ou continue de travailler. Reste que le sentiment lorsque l'on referme la dernière page de ce livre est bel et bien l'amertume du manque de reconnaissance, de ne pas être perçu à sa juste valeur. Pas de regrets, car Dick en semble dépourvu ou tout du moins n'a pas à en avoir. Mais le costume de l'amertume est difficile à porter et à supporter à la lecture de ce livre d'entretiens qui ne redorera pas le blason de Dick Rivers. Pour cela, il reste la carrière, la persévérance et la longévité. |