Extraordinaire : adjectif. Sens 1 : Qui suscite l’intérêt l’étonnement par sa singularité et sa rareté. Sens 2 : Sensationnel, hors du commun.
A bien des égards, Super Forma d’Orval Carlos Sibelius est un disque extraordinaire, et de nombreuses écoutes ne sont pas nécessaires pour s’en rendre compte. C’est même la première chose qui frappe, cette immédiateté pour autant bien éloignée de toute facilité ou superficialité, cette évidence que seuls les grands disques ont.
Alex Monneau, le sorcier qui se cache derrière le pseudonyme - et quel pseudonyme ! - d’Orval Carlos Sibelius n’en est pas tout à fait à ses débuts. On se souvient de quelques titres plutôt intrigants et attachants sortis sous son propre nom ou avec des projets parallèles comme Centenaire ou Snark. Et le parallélisme, Alex Monneau il aime ça : accoler les genres, les formes, les (super)formats.
Pour faire simple, on pourrait dire que Super Forma est un disque de musique psychédélique. Mais dans la vie comme en musique, rien n’est jamais simple et parler de psychédélisme serait bien trop réducteur. Orval Carlos Sibelius ne navigue pas dans la même dimension que le gentillet Jacco Gardner ou Foxygen et leurs élucubrations. Non, chez lui psychédélisme rime avec bonheur, avec épaisseur, avec gourmandise, avec génie, avec musique.
Extraordinaire oui, car il serait singulier de penser voir se balader dans le ciel, main dans la main, Lucie et un génial barbu en fauteuil roulant avec sa trompette, les voir sautiller de nuages en nuages étincelants sous les regards amusés d’Ali Farka Touré du seul vrai génie ayant joué avec Pink Floyd, le tout avec la bienveillance du roi Crimson. Singulier mais pas impossible. La preuve est là, en son, en musique, en mélodie.
Les mélodies. Alex Monneau sait les trousser et de la plus belle des manières. Ouvragées, sculptées, elles ne sont pas au service mais sont la sève, les connexions synaptiques de morceaux, on ne parlera pas ici de chansons, à la densité incroyable. Une densité qui n’est pas veine, ni gratuite, car Orval Carlos Sibelius nous emmène de métamorphose en métamorphose, de voyages en traversées chimériques, de dédales en dédales, change les cartes au fur et à mesure que la musique se déroule, lui laissant le temps de se déployer à loisir et construit de mini-symphonies à l'alchimie électromagnétique. On y entend un million de choses, les référencer tiendrait du catalogue et desservirait la musique. C’est en archéologue des temps modernes que l’on s’aventure à cartographier ces morceaux.
Extraordinaire, car enfin, sans crier gare, Alex Monneau vient sûrement d’écrire un disque qui fera date. La vie, 24 fois la musique par seconde. |