Ils sont nés la même année que la vulnérabilité des Etats-Unis, de là à dire qu’ils en sont la cause il y a un grand pas, surtout que les Tabouls sont un parfait bouc-émissaire. Mais nous ne sommes pas là pour parler de politique. 2001 : rencontre je ne sais où entre Brest et Nancy, quatre amis décident d’unir leurs déchirures derrière le subtil patronyme LouKa (oui, comme le rival de Pokémon !).
Après un premier album en 2006 Machiangélique et un deuxième en 2009 Sublime Violence, voici le troisième du nom Des singes en automne. Non, je ne vois pas le rapport, les anges, la violence et les animaux… Alors que le lien est flagrant, c’est ce qu’aiment tous les métalleux de Navarre (ce n’est pas bien grand la Navarre, comme ça si je me trompe, je ne ferai d’un nombre limité de vexés) : l’association de la douceur et de la colère. Les doux anges et le féroce Machiavel, la violence et le sublime, la douceur de l’automne et le manque de tact de certains singes. Pour nous dire que les métalliques rockailleurs ont un petit cœur qui bat là-dedans ?
Je ne sais pas si tel était leur but, mais ils sont forts en oxymore comme certains le sont en chocolat. Le but ? Devinez ? Allez, un petit effort… Dénoncer, opposer, suggérer, tout en gardant une dimension poétique hallucinatoire et onirique. Mouais, rien que ça. Je me suis éloignée de la musique, mais c’est pour y revenir de suite, en pleine conscience de cette boucherie héroïque qu’ils ont fait subir à mes délicates oreilles.
Oui, parce que Molière aux guitares saturées, c’est un peu le silence assourdissant de Camus et la sublime horreur de Balzac : ça se passe de commentaires. Et c’est pas très joli (euphémisme).
Oui, parce que je n’ai jamais compris l’enthousiasme débordant de colère des purs et durs de la rock attitude. Nos différences mises de côtés, LouKa et nous gardons les mêmes sources d’inspiration, à savoir ce mélange de joliesse et d’infinie connerie qui nous entoure.
Et au-delà de ça, LouKa braille des mots chantés sur des guitares, basses et samples. Ils ne crient pas tout le temps (enfin, presque), répètent les mots plutôt que de les vociférer comme la douleur impatiente de sortir. Les textes sont précédés d’une réelle recherche de sens, à mon avis peu adapté aux éclats de cordes de l’histoire de "Duke vit l’enfer" au bon pays du roi Saddam, de l’acidité des sentiments ("Même pas mal"), de connerie humaine ("Apologies nucléaires"), et oui !
Avis aux amateurs...
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