Près de deux années après le film Drive et sa bande son qui doit son succès au Nightcall de Kavinsky, on continue de découvrir à un intervalle régulier des nouvelles reprises de cette dernière.
Récemment, c’est Lips qui, au sein de son dernier 4 titres, Ghosts and Demons, revisite le tube à grand renfort d’une pop/électro acidulée, que certains ont hâtivement comparé à Little Dragon. Quand une comparaison à Little Boots nous aurait paru plus à propos, le glam (un peu cheap) étant ici représenté par son apparence même : une gigantesque paire de lèvres sur pattes rappelant les collages féministes et avant-gardiste de Linder Sterling. Bref, autant vous dire que si vous êtes du genre à ne tremper que le bout des lèvres dans la culture pop, passez votre chemin, sous peine de vous noyer dans votre tasse !
Car ici, le territoire est balisé par un classicisme pop, s’arrogeant au passage un droit d’exploitation à tout un panel musical, explorant les genres et les époques sans trop se soucier du zetgeist contemporain.
Et d’ailleurs, quand elle ouvre ce mini album avec le sombre "Ghosts and Demons" affirmant à la cantonade "I’m so lonely, I’m so lonely", l’artiste – qui produit sa musique dans sa chambre – semble prête à invoquer une production presque trop riche pour être de son seul fait. Elle aligne ainsi, des basses lourdes à quelques nappes de synthé que vient alléger par à-coup une sorte de sifflement inattendu. Avec ce titre, Lips réussit à peindre d’emblée une atmosphère aussi pesante que perfectionnée et marque le mini album comme un objet apte à évoquer à l’unisson un univers et des sonorités.
Quant à sa reprise de Kavinsky, elle agit comme une assurance capable de garder les oreilles à l’affût, une sorte de pont menant aux deux autres titres suivants et qui s’écarteront de l’électro-pop, au profit de quelque chose de plus délicat.
"Freddie Bardot" jouera la carte de la production un peu indie sur les bords, s’imprégnant de rythme caméléon et qui trouvera une opposition parfaite dans la nonchalance du chant presque suave, mais surtout blasé.
Une versatilité – somme toute – bienvenue, d’autant plus que la chanteuse ne prend que peu de risque avec sa voix, ne se permettant aucun espace montant dans les octaves, une faiblesse qu’elle compense avec une exploration fortement diversifiée des sous-genres de la musique pop. Preuve en est avec le titre final "Standing Like An Old Man" et ses touches de piano qui fermeront le maxi de façon inattendu. Lips rappelant avec sa voix mutine et ses paroles piquée d’humour, un style dans lequel les britanniques Sophie Ellis-Bextor et Lily Allen excellent.
Ghost and Demons, vous l’aurez compris, n’aura pas la prétention d’avoir réinventé la musique pop, mais pourra se prévaloir d’un sans-faute, une sorte de copie d’étudiant studieux à qui il ne manquera plus qu’une véritable émancipation personnelle. |