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puce Didier Wampas & Bikini Machine - Dandy Freaks
Le Fil  (Saint-Etienne)  jeudi 23 janvier 2014

Totem sans tabou

Combien d’hommes et de femmes nous entourent et prennent de la place sans pourtant ne nous présenter aucune consistance ? Regardez-les avec attention : ils n’ont pas de corps. Ils sont incorporels autant qu’ils sont temporels, ils sont de leur époque mais pas d’ici. Ils ne sont jamais là vraiment. Remarquez ces simulacres de corps sans odeurs, aux petits pieds, frêles, troubles, aux frontières mal définies. Vous passez sur un corps et sans le savoir vous êtes déjà sur celui du voisin. Ils ne sont ni trop fins, ni trop larges, ni trop grands, il ne sont trop rien, juste un peu, pas beaucoup… lisses, propres, nets, communs, nombreux. Leurs habits bâillent d’être si peu habités. Habillez-les des habits de leurs enfants – un enfant a toujours un corps – ils paraîtront égarés dedans encore. Ils paraîtront sans corps. A se doper l’esprit, à domestiquer les pulsions, à ne plus vouloir dévorer les corps, nous les avons tués. Les corps ont disparu.

Didier Wampas est un corps.

Là où d’autres ne font que passer, il habite le moment présent. Avec Didier Wampas, rien n’est affaire de temps, tout est affaire d’espace. Il campe l’instant. Il incarne et nous réincarne.

Il incarne une énergie punk. Evidemment. La punk attitude, le yéyé punk des Wampas embrasent et se propagent dès l’entrée en scène.

Déjà Dandy Freaks venait de décaper la soirée. Une histoire de corps aussi Dandy Freaks. D’abord nombreux, colorés, latexés, fluotés, enchaînés, soumis, pastichés, passionnés… Des corps au repos puis qui s’électrisent à nouveau pour nous, dans un tout nouvel album – Aquatik Baby et de nouvelles dates. Un beat électro et des riffs de guitare qui capturent les corps, des voix qui se croisent et court-circuitent les têtes. Ça fonctionne et ça évolue bien.

Un "Bruce Lee" avec Didier Wampas. Un rappel. Les corps sont tendus. Didier s’incarne dans Wampas. "Viré de Skyrock", le voilà parmi nous. Il n’y a pas de montée en puissance, de gradation. Un corps, ça ne triche pas. C’est, ou ce n’est pas. Didier Wampas est un corps. Il est : là.

Cloclo punk déjanté, figure christique aux jambes écartées et au poing levé, physiquement sa présence bouscule. Il se passera ce qu’il doit se passer. Il fera voler en éclat les frontières de la scène et le statut même de spectateur. Venez à moi les communiants ! "Prêtre ouvrier, je suis prêtre ouvrier". Punk prolo, il ne pouvait être cardinal, évêque ou pape, évidemment. Mais il est au centre.

Derrière lui, un Bikini Machine impeccable, puissant. Ça joue gros, c’est propre. Habillés de noirs, ces enfants de corps portent Didier Wampas très haut et subliment la prestation. Didier est dressé sur sa croix mais reste le seul clou du spectacle. "Je deviendrai vieux si tu me quittais des yeux". Impossible ! Une telle énergie corporelle, une telle incarnation ne se lâche pas des yeux. Personne ne le quitte du regard. Didier Wampas est dévoré des yeux. Nous dévorons ce père. Il circule dans la salle, cavale jusqu’au guichet d’entrée, se frotte, sue, se faufile, pousse, tire, saute, dérange, surprend le public.

Debout sur le bar, il détourne le concert. C’est une rencontre mystique, une expérience chamanique collective. Personne n’est rassuré, les dames se cachent derrière leur homme lorsque Didier passe à proximité, chantant dans son micro aux 50 mètres de câble, quand d’autres se précipitent pour danser avec lui, se frotter et suer de concert. Cette petite crainte, cette appréhension à l’approche de l’ingérable Didier, de l’imprévisible Wampas, font toute la particularité de la rencontre. Chacun redevient un corps et frisonne, vibre, existe dans le moment. Là où quelques divinités se contentent de se réincarner, Didier incarne et permet à tous de s’incarner, de faire corps, d’occuper l’espace et d’oublier le temps. "Quelle joie le rock’n roll !"

Il finira le concert vidé, entre scène et salle, à moitié nu, baignant de sueur. Les bras en croix, sur une table à l’entrée de la salle de concert, à l’opposé de la scène, il s’écroulera. Un corps mort. "Didier Wampas t’es le roi". Un Corps mort, les bras en croix. "Je sais qu’un jour en Mercedes nous partirons". Non il ne partira pas ! "Comme d’habitude" il renaîtra, comme d’habitude il s’incarnera et s’offrira en festin.

"Didier Wampas t’es le roi !"

Louez-le, mangez-le, ceci est son corps. Ici gît le roi des punks.

Puis il se redresse et repart.

Bienheureux les désincarnés, Didier Wampas est un corps.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Didier Wampas
Le Soundcloud de Didier Wampas
Le Myspace de Didier Wampas
Le Facebook de Didier Wampas
Le site officiel de Dandy Freaks
Le Soundcloud de Dandy Freaks
Le Myspace de Dandy Freaks
Le Facebook de Dandy Freaks

Crédits photos : Eric Ségelle (Toute la série sur Taste of Indie)


Cyril Hortala         
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# 01 avril 2024 : Mieux vaut en rire !

Edition du 1er avril, certes, mais cette édition est garantie sans blague idiote et/ou de mauvais goût. Voici donc le programme de notre sélection culturelle de la semaine. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique :

"Our decisions" de Frustration
"L'amour c'est chiant" de Vanessa Philippe
"Jaffa blossom" de Mohamed Najem
petit focus sur Lisatyd et Fishtalk
"Maurice Ravel, Complete works for solo piano" de Keigo Mukawa
"No friends no pain" de Johnnie Carwash
"Nous célébrer" de Esparto
"Don't be boring" de Dynamite Shakers
"Castèls dins la luna" de CXK

"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

Au théâtre

les nouveautés :

"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala

et toujours :
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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Du cinéma avec :

"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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