Nous n'aurions raté, sous aucun prétexte, Pressyes. Emballée à l'écoute, je le suis définitivement à la vue du live : musicalement, on pourrait qualifier cela de rock psyché-punk, tantôt léger, tantôt rappé, engagé et reconnaissant. Ça passe hyper bien à cette heure de la journée, et l'ambivalence du Viennois René Mühlberger (gourou à paillettes ou mauvais garçon ?) captive. Bref, la première belle scène de la journée.
Cercle vertueux : on court voir Muthoni Drummer Queen, éthiopienne hyper engagée qui par ses longs discours féministes entre les morceaux fait fuir... Tous les hommes du public. Corps en transe, rap aiguisé, elle enchaîne les chorégraphies énergiques et sensuelles avec ses deux danseuses et les moments intenses de percussion. Elle donne tout à un public conquis qui danse sur les arrangements sympas aux sources musicales multiples ? hip-hop, "world" et electro ! Un excellent moment, sous le soleil évidemment.
On ne connaissait pas Pond ? mais seulement Nick Allbrook, ancien de Tame Impala. Le début de set a quelque chose de très dérangeant, tant Allbrook semble pris dans les rets du délire ? corps vacillant, mimiques ahuries et regard perdu. Mais après quelques morceaux, la mécanique semble se mettre plus clairement en marche et je découvre alors un groupe très fin aux titres bien léchés. Mais le public n'est malheureusement pas du tout au rendez-vous...
Sur la Mainifique apparaît Wallows : des petits jeunes en salopette, bien sous tous rapports et très propres sur eux, dispensant un rock très amerloque moult fois entendu mais qui « fait le taf » en festival à heure de grande audience. Le public est jeune, féminin et clairement entiché de Dylan Minnette (ça ne s'invente pas), par ailleurs acteur dans une série pour ado. J'entends de discrets "à poil !" dans le public, lancés par de prudes jeunes filles pas encore prêtes à balancer les soutifs sur la scène en guise d'admiration. Bref, le moment est à la communion sympathique, mais rien de révolutionnaire non plus.
Yahyel sera pour moi l'OVNI du festival. Imaginez une musique sombre et lancinante, une voix aiguë toujours sur le fil du rasoir, portée par un leader habité, en transe, les yeux révulsés, bougeant son corps comme un malade qui cherche à s'affranchir d'un mauvais sort... Bref, c'est plutôt spécial (merci le "cyberpunk" !) mais ça reste heureusement bien calé ? avec une mention spéciale pour le batteur, définitivement exceptionnel.
La grande pause "rap" de la soirée ? Nekfeu ne souhaite pas de photographes, et je ne souhaite pas immortaliser Bagarre ? me permet de faire de nouveau un petit tour du site mais cette fois-ci en mode touriste et d'apprécier non seulement une coupe de champagne (j'assume le cliché) mais aussi l'ambiance très tranquille, très décontractée du public ? avec qui il est hyper facile de discuter. Beaucoup profitent des "customisations" diverses proposées par la Petite Society, même si l'on est bien loin du carnaval débridé de certains festivals, quand d'autres s'entichent de l'unique et parfait truck vegan du site. In fine, le bilan est très positif pour ce petit festival qui n'a que trois ans à peine, notamment parce que l'équilibre entre les groupes découvertes et les têtes d'affiche est bien pensé - l'originalité et la qualité des formations extrême-orientales faisant le reste. Une escapade très agréable pour ma part, qui m'a permis de souffler sereinement avant les Eurockéennes...
Merci enfin à Sebastian de terminer en beauté ma soirée grâce à l'intelligence, la tenue et la puissance de son électro...
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