Réalisé par Michel Ocelot. France. Animation. 1h23. (Sortie 19 octobre 2022).
Attention ! Jamais Michel Ocelot, qui a désormais l'âge d'être considéré comme un trésor national vivant, n'a été aussi à l'aise avec les couleurs qu'il donne à ses dessins ni avec les histoires qu'il choisit de raconter dans ce qui pourrait bien être son chef d'œuvre ou, tout au moins, son film le plus accompli, celui que peuvent voir aussi bien les petits et les grands, les naïfs et les blasés, ceux qui ne jurent que par les films d'animation et ceux qui les évitent d'ordinaire.
Trois histoires donc, parce qu'une seule histoire ça ne suffit pas à l'imagination dira la conteuse. Trois histoires dans trois styles différents où l'on retrouve un peu de Kirikou, un peu d'Azur et Aznar, un peu de Dilili à Paris.
On sera d'emblée subjugué par la beauté des Dieux d'Egypte reproduits ici en grand format. Ocelot leur donne une consistance pour qu'ils ne soient pas que des reproductions de ceux qu'on découvre sur les papyrus... et l'effet est saisissant.
La seconde histoire rappelle combien il aime les figures en ombres noirs, à l'image de celles qu'il utilisait en papier découpé dans "Princes et Princesses", la troisième est une splendeur dans la lignée orientale d' "Azur et Aznar".
On tombe illico sous le charme narratif de ce conteur qui n'hésite jamais à faire intervenir des perturbateurs posant des questions comme les enfants interrompant un récitant imprécis.
Pas de ça chez ce maître qui mériterait une grande reconnaissance publique, s'il y avait encore quelqu'un qui se soucie de fêter les génies nationaux. Tout est clair, tout est léger, rien n'est douteux, rien n'est scabreux.
Ocelot ne se soucie pas de l'environnement actuel : il est plongé, comme son spectateur, au cœur de ce monde d'extrême beauté qu'il crée sans en faire un univers aseptisé à la Disney et Cie.
On lui saura gré d'avoir su bâtir un pendant français au beau cinéma japonais de Hayao Miyazaki.
Dans cet océan de films proposés à la consommation courante, dans lequel domine le vulgaire et encore plus l'insignifiant, "Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse" de Michel Ocelot est une exception précieuse. Un ilot de beauté et de poésie pures. |