Éclectisme, voilà un mot, parmi d’autres comme audacieux ou brillant, qui pourrait définir le saxophoniste et clarinettiste Sylvain Rifflet.
Certains se perdent dans la multiplication des projets, lui pense axe de transversalité et y trouve un équilibre et peut-être bien le sens (ou l’un des sens) de sa musique. Certains se cachent derrière les projets, lui s’y dévoile et s’y épanouit totalement, faisant rimer projet avec affirmation, interprétation et projection. Et puis ne pas choisir, c’est également ne pas renoncer. Ne pas renoncer ici à une musique mélangeant instruments acoustiques (saxophone et clarinette donc) et musiques électroniques, Philippe Gordiani étant aux machines.
Dooble est d’abord le "Fruit de plusieurs commandes de musiques de films (documentaires) pour mon frère réalisateur Arthur Rifflet, Philippe Gordiani et moi avons décidé de développer et adapter ce projet pour le mettre sur scène puis sous forme d’album". Mais c’est surtout la rencontre entre deux artistes et la fusion, le croisement de leurs esthétiques. Le résultat est une musique riche, "tantôt planante, parfois dansante", proche des musiques minimalistes, répétitives, jazz, pointilliste, efficace mélodiquement et rythmiquement, vivante, comme de micro-organismes qui se développent, changent de formes, de couleurs, pour atteindre la lumière. Et pourquoi pas "Song 1.1" (avec en invités Thomas de Pourquery et Bettina Kee a.k.a. Ornette) comme climax du disque.
Un disque passionnant, tripant, enthousiasmant, enivrant, troublant. "Une bombe" comme me disait un ami musicien de jazz et il a totalement raison !