Vous connaissez l’histoire (blague un peu d’initié quand même) : "Un jeune élève prend son premier cours de contrebasse. Il apprend les notes mi, la, ré et sol. Puis quand vient le deuxième cours, l’élève n’est pas là. Après avoir attendu un moment, le professeur se décide à l’appeler. Le jeune élève s’excuse immédiatement : "désolé monsieur, j’ai complètement oublié de vous prévenir mais je ne peux pas venir aujourd’hui car j’ai déjà un concert".
Un peu de sérieux, surtout que ce disque marque une étape importante dans la vie de musicienne de la contrebassiste Laurène Helstroffer Durantel. "Parce qu’il y a presque 20 ans, j’ai quitté l’orchestre : une grande décision, quand on est contrebassiste classique. J’ai commencé la recherche d’une autre place pour une basse dans le milieu de la musique classique, avec comme seule boussole pour tracer ma route le "tout-à-l’instinct", sans idée préconçue. Ce disque est un album photo, une sorte de visionneuse à images, ce petit objet, souvent rouge, qu’on achetait à côté des monuments historiques, et qui faisait défiler les minuscules diapositives des curiosités de la ville. On dit que la contrebasse est limitée ; on entend souvent que tel ou tel contrebassiste "en repousse les limites". J’ai eu précisément envie d’être SUR la limite, à l’endroit où rien n’est encore séparé mais en passe de l’être, à la limite du son, la limite du volume, la limite de la technique...".
Le panel des œuvres proposés ici est donc assez large allant de Schubert (Du bist die ruh) à Robert de Visée (La conversation), Mikael Marin (20 Bucks), Gabriel Fauré (Après un rêve) à Bruno Helstroffer (La barque) voyageant entre les époques et les esthétiques. Et pour l’accompagner dans cette aventure : Roustem Saïtkoulov (piano), Bruno Helstroffer (théorbe), Krystof Maratka (piano), Pauline Chabert (orgue), David Lombardi (violon).
Alors forcément cela part un peu dans tous les sens, c’est assez foisonnant mais la contrebassiste se montre à l’aise dans tous les registres : que cela soit techniquement ou musicalement et montre qu’elle est capable de dominer ses "limites". |