Comédie baroque de Antonio José da Silva, mise en scène, marionnettes et costumes de Emilie Valantin, avec Michel Favory, Grégory Gadebois, Sylvia Bergé, Christian Blanc, Isabelle Gardien, Christian Gonon, Alain Lenglet, Nicolas Lormeau, Léonie Simaga et Véronique Vella.
Il y a quelques semaines, Emilie Valantin, fondatrice du Théâtre du Fust, enchantait le Théâtre de l'Aquarium avec un spectacle remarquable de grâce et d'intelligence.
Il s'agissait de "Les fourberies de Scapin", à la scénographie judicieuse dépouillée et à l'interprétation subtile, spectacle dans lequel, seul aux commandes d'une troupe de marionnettes, le comédien Jean Sclavis était fort légitimement ovationné.
La voici maintenant dans un lieu éminent doté de moyens conséquents et la déception est d'autant plus grande.
A la Comédie Française, elle met en scène comédiens et marionnettes dans "Vie du grand Dom Quichotte et du gros Sancho Pança" une comédie baroque du 18ème siècle inspirée du roman de Cervantès et écrite par Antonio José da Silva. Dans cet opéra bouffe, Dom Quichotte n'est pas un pourfendeur de moulins à vent mais un dénoueur de sorts manipulé par un vrai faux ami et une mystérieuse dame qui rient à ses dépens.
Le travail fourni par Emilie Valantin, qui officie tant à la mise en scène et aux costumes qu'aux marionnettes, est manifestement considérable, mais elle pèche par surabondance, l'utilisation de différents types de marionnettes ressortissant du catalogue, le décor de Eric Ruf, dont un mur d'azueljos lisbonnais, somptueux, mais tributaire d'une lourde machinerie qui lui ôte toute magie, les comédiens vaillants, ils jouent la comédie, chantent et manipulent fort honorablement les marionnettes, mais devant être au four et au moulin, leur jeu manque de fluidité, Michel Favory n'est guère ni charismatique ni burlesque et Grégory Gadebois, suant et essoufflé, souvent inaudible.
Le spectacle, à l'image de la fresque pétrifiée, n'arrive pas à décoller vers les cimes des frondaisons à la Fragonard. Certes, il s'agit des premières représentations et le temps fera son oeuvre. |