La psychanalyse est depuis sa création source de réflexions, de discussions, voire de fantasmes. Il y a ceux qui croient aux bienfaits d’une thérapie, ceux qui doutent et ceux qui n’y voient que manipulation psychique sur des esprits faibles. Cependant rarement, elle laisse indifférent. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle soit le sujet de nombreux romans.
Dans La race des sorcières, Anne Carmignac place son personnage principal Anne Hasquelle dans la position du thérapeute. Il s’agit d’une femme d'âge mûr, nouvellement veuve et socialement bien installée, qui n’a d’ailleurs pas besoin de travailler pour vivre confortablement. Une héroïne débarrassée des préoccupations quotidiennes mais dont l’esprit est tourmenté par sa relation avec son beau-fils. Depuis leur rencontre, elle nourrit envers lui des sentiments passionnés dont elle ne sait pas s'ils sont connus et partagés par l’intéressé. Or, c’est justement ce dernier qui lui adresse une nouvelle patiente : sa maîtresse ! Etrange situation, complexifiée par la personnalité perverse de celle-ci : elle semble forte mentalement, mystérieuse, et dit vouloir consulter pour empêcher le meurtre d’une autre femme. Anne accepte de s’en occuper mais les traditionnelles séances thérapeuthiques font vite place à de vrais duels psychologiques. On assiste à une inversion des rôles et c’est finalement l’existence et les pensées d’Anne qui sont analysées dans la plupart des pages de ce roman. Son beau-fils Gabriel, lui, reste un personnage de fantasmes et n’existe qu’à travers les yeux de ses deux femmes. L’auteur ne lui permettra de s’exprimer et d’agir véritablement qu’à la fin du roman mais toujours dans son rôle d’objet de désir. C’est un trio malsain qui se dévoile au fil des pages : on y constate des jeux de domination, de manipulation, on y pressent des conséquences dramatiques. Une impression de confusion émane en permanence de ce roman et la fin n’y remédie pas : elle laisse en suspens les questions principales de cette intrigue.
Avec La race des sorcières, Anne Carmignac a écrit un roman aussi emberlificoté qu'une analyse. On essaie d'y cerner les motivations et les caractères d'Anne et de sa patiente. On constate l'omniprésence des rôles masculins : le mari défunt et son fils insaisissable pèsent sur tout l'ouvrage malgré leur (quasi) absence physique auprès des héroïnes... Difficile de s'y retrouver sauf pour les lecteurs qui auront l'envie de relire cet ouvrage afin d'y relever les actes manqués, les lapsus et autres indices qui feront peut-être davantage comprendre l'issue du roman. Pour les autres, cette pelote de mots s'avérera sûrement un peu trop pénible à démêler. |