Comédies de Marivaux : L'épreuve, mise en scène de Agathe Alexis, avec Robert Bouvier, Marie Delmarès, Nathalie Jeannet, Guillaume Marquet, Franck Michaux et Maria Verdi.
Les acteurs de bonne foi, mise en scène de Robert Bouvier, avec Agathe Alexis, Jaime Azulay, Robert Bouvier, Marie Delmarès, Sandrine Girard, Nathalie Jeannet, Guillaume Marquet, Franck Michaux, Nathalie Sandoz et Maria Verdi.
Marivaux, le peintre de l'âme, le subtil pastelliste du français, ne cesse d'étonner et d'émouvoir.
"Le jeu de l'amour et du hasard" triomphe au Français et, rival débarqué, cet assemblage de deux pièces déboule à l'Atalante et fait beaucoup parler de lui. L'intrigue de "L'épreuve" ? Celle du "Jeu", à quelques touches près. On met à l'épreuve les sentiments de sa belle, en déguisant son valet d'atours de seigneurs, on frôle le drame et la rupture. L'amour aura le mot de la fin.
Quant à la seconde, "Les acteurs de bonne foi", c'est une fantaisie sur le théâtre, ceux qui ne l'aiment pas et qui en seront pourtant les dupes. Les cuistres danseront à la fantaisie des marionnettistes.
Deux metteurs en scène brillantissimes se sont associés pour un spectacle rare.
Agathe Alexis, comédienne, directrice de Scène nationale, personnage et personnalité, a composé un plateau où Robert Bouvier (metteur en scène de la pièce suivante) incarne un amant cruel et pur, qui tâte de la qualité d'âme de celle qu'il aime.
Acteur sensible, caché derrière le masque du visage souriant, il devient ce Lucidor aristocratique, dangereux et éprouveur de danger qui exaspère l'amour tranquille de son Angélique - excellente Marie Delmarès, à la fois hystérique, désemparée et aimante - auprès d'un Guillaume Marquet (jeune comédien qui ira loin, nommé aux Molières) dans la redingote d'un paysan matois et cupide, qui préfère l'or au sable de l'amour.
Frank Michaux est le valet faux-maître, hâbleur, vaniteux, très drôle. La grande Maria Verdi (égérie de Chéreau) apparait déjà, pour atteindre le sommet de son art dans la pièce suivante. Nathalie Jeannet a beaucoup de charme en soubrette roublarde.
Après un noir, Robert Bouvier prend les commandes et l'on assiste à une répétition de comédie, donnée à l'occasion d'une signature de contrat de mariage. Mais la maîtresse de maison, auguste prude et bonne bourgeoise, fermée aux arts à double-cadenas, ne l'entend pas de cette oreille.
Il faudra l'intervention de la tante du mariée - Agathe Alexis, orchidée enroulée de lilas, méchante et joueuse comme pouvait l'être une grande dame du XVIIIème siècle, flanquée d'une de ses "dames-damnées", formidable Nathalie Sandoz en amazone à dentelle, pour éclabousser la tranquillité du logis. L'amour et la danse s'enchevêtreront dans une farandole jouissive.
Maria Verdi, hilarante, bouffonne, sortie d'un tableau de Dürer pour relever ses cotillons au Carnaval des Etudiants, donne un numéro d'anthologie, quittant sa fraîche bourgeoisie pour sauver, en bonne paysanne, le "bout de gras". Auprès d'elle, les comédiens fabuleux de la première partie reviennent en piste, accompagnés de l'exquise Sandrine Girard, musicienne et comédienne, et de Jaime Azulay.
Spectacle sensationnel, où il faut emmener, enfants, jeunes gens, vieillards, pour découvrir, ressentir, retrouver, comme jamais, la frénésie et le choc du théâtre, où l'on donne tout, à chaque fois, pour une seule fois et pour une seule salle.
Avec cette troupe-là, quoi de neuf ? Marivaux. |