Vaudeville de Georges Feydeau, mise en scène de Nathalie Hamel, avec Jean-Luc Bouzid, Anne Brégégère, Laurent Brusset, Christian Chauvaud, Martine Delor, Nathalie Hamel, Eric Veiga et Geoffrey Vigier.
La pièce de Feydeau, redonnée au public dans les années soixante-dix, dans une mise en scène alerte de Jean-Laurent Cochet, avec un Le Luron déchaîné, plus récemment par Arthur Jugnot, est actuellement reprise par la Compagnie de la Pléiade.
Après une tonitruante "Poudre aux yeux" (fameux Labiche) le metteur en scène-chef de compagnie Nathalie Hamel s'attaque donc à cette comédie pleine de fantaisie, de quiproquos, d'ahurissements et de révélations gênantes.
Un jeune provincial, Dufausset, arrive de sa Guyenne natale, à Paris, nanti d'une lettre de recommandation paternelle pour un vieil ami de sa famille. Celui-ci, en pleine ascension sociale (la "Poudre aux yeux n'est pas loin !) s'est mis en tête de monter un opéra pour sa fifille.Il cherche un ténor pour le chanter et, par un malentendu cher à la mécanique de Feydeau, s'imagine que Dufausset est son homme.
Une belle-mère en jachère sentimentale, un couple ami, petit monsieur et grosse dame, un prétendant à tics, peu motivé, et une jeune fille de bonne famille, un valet de chambre stylisé, fausse d'être stylé: les pantins montent dans le manège infernal. Le jeune homme, naïf et roublard à la fois, inconscient des enjeux, convoité par tous, traverse cette tempête en gardant son chapeau et ses idées toutes faites en dessous.
On rit, beaucoup, à cette mascarade aux si jolis atours (Nathalie Hamel est brillante costumière aussi !). Geoffroy Vigier, le Girondin débarqué, est irrésistible en badaud de son existence, fat, sans complexes, les oeillères bien accrochées : excellent !
Christian Chauveau, comédien-fétiche de Jean-Pierre Mocky, monsieur installé et épris des arts, quand ils peuvent épater la bonne société, ravit par ses grimaces élastiques et ses ébahissements.
Martine Delor, fine comédienne, joue une marâtre élégante, aigre-douce, racée et adultérine, comme jaillie d'un tableau du XIXème siècle, très présente et très drôle en Parisienne faussement comme-il-faut.
Jean-Pierre Bouzid et Nathalie Hamel, monsieur et dame d'un couple disparate et baroque, amis de tous les dîners, amusent par leurs ridicules et leurs certitudes, tandis que Laurent Brusset, le fiancé bien tiède, qui tourne sept fois sa langue dans sa bouche - en vrai, comme l'a dit maman ! - fait une cour burlesque à la pauvre Anne Brégégère, touchante demoiselle de salon, qui a du sentiment et pas qu'un ouvrage à finir !
Enfin, le valet, à tête de Pitoëff, Eric Veiga, est truculent, décalé et un brin inquiétant. La brochette est complète et les mots visent les têtes de ce jeu de massacre.
Une soirée bien plaisante, dans la tradition classique, avec ces comédiens investis, pour un "Chat en poche" qui se révèle être...une pochade très chatoyante !
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