Le Centre Pompidou accueille l'exposition itinérante consacrée à l'oeuvre de l'artiste américain Mike Kelley, né en 1954 et décédé en 2012, organisée par le Stedelijk Museum Amsterdam en collaboration avec la Mike Kelley Foundation for the Arts.
Mike Kelley est un artiste phare de la scène artistique de la côte Ouest née dans les années 80, peintre, sculpteur, vidéaste, performer et plasticien à la notoriété internationale figurant à l'affiche des manifestations majeures d'art contemporain.
Il laisse une oeuvre foisonnante, protéiforme et apparemment échevelée du fait de son interdisciplinarité qui laisse ouvert le champ d'interprétation.
A Paris, cette rétrospective en une centaine d’oeuvres réalisées entre 1974 et 2011 a été conçue sous la commissariat de Sophie Duplaix, conservatrice en chef, chef du service des Collections contemporaines au Musée National d’Art Moderne.
Elle est présentée sous forme d'un parcours circonvolutionnaire judicieusement scénographié par Camille Excoffon.
Mike Kelley : l'art du désordre
Les assemblages, peintures, sculptures, dessins, installations et vidéos sont présentés dans 8 sections qui articulent l'exposition autour des temps forts de la production de l'artiste et qui, tout en étant didactiques, révèlent une oeuvre protéiforme et rétive à l'exégèse péremptoire.
Sous influence de la Beat Generation, du Pop Art, de
la contre-culture du rock
et des comics, inscrite dans le postmodernisme, avec le recyclage de formes préexistantes, le collage hétéroclite et le mélange des genres culturels, et l'esthétique "clusterfuck", l'esthétique du foutoir, privilégiant le kitsch et le trash, elle déroute par sa dualité.
S'agit-il d'une oeuvre essentiellement autofictionnelle, nonobstant les dénégations de Mike Kelley qui refusait l'interprétation psycho-autobiographique, ou de la stigmatisation désenchantée de l'Amérique, une Amérique infantile, puritaine et sectaire à la culture vernaculaire voire d'une critique de l'art ?
Ainsi pour sa sa série de peluches, instruments de régression, transposition de fantasmes ou métaphore de l'Amérique...
L'exposition fait une large place à l'oeuvre graphique avec notamment la série "Half a Man" qui lui ouvre les portes de la célébrité.
Et elle consacre une section à "The Poetics Project" qui résulte de sa collaboration avec Tony Oursler, artiste comme lui formé au California Institute of Arts et avec qui il a sévi au sein du groupe de punk-rock
The Poetics.
Cette installation ébouriffante avait été élaboré comme une réflexion sur l'histoire du rock et le rapport à la culture dominante.
Celui qui disait "En fait, j’aime penser que je fais mon art d’abord pour ceux qui ne l’aiment pas.”
s'est suicidé après avoir érigé son mausolée artistique en créant sa propre fondation. |