Montage de textes conçu et mis en scène par Fatym Layachia, interprété par Clémence Labatut et Yacine Ait Benhassi.
"Je dis non" est-ce une pose adolescente ? Est-ce que c'est un sursaut qui menace de se briser contre l'inertie et la pesanteur de la Machine, du Système ?
Position de refus et de contestation. "Je dis non" est aussi un des rouages de l'Histoire, celui des revendications pour vivre debout, lorsqu'il n'y a pas d'autre posture que de s'interposer contre la Barbarie et faire un rempart de sa colère et de son exténuation.
Fatym Layachi convoque les voix subversives des écrivains du passé qui ont exprimé leur révolte contre toutes les formes de dépossession. Elle orchestre ces citations de la désobéissance et du goût personnel : Victor Hugo, Jacques Prévert, Boris Vian, Mickael Bakounine, Antonin Artaud ont comme laissé le vent s'engouffrer dans les brèches, les fissures de la Norme, de la décence, de la pudeur, pour que s'exprime la complexité de l'humain, sublime dès lors qu'indompté.
Le combat contre la bêtise lourde et étouffante des dogmatiques, des penseurs qui se donnent le droit de définir le Bien et le Mal. Revenir sur ce passé c'est redécouvrir une terre sauvage et luxuriante pour garder l'esprit en éveil, vigilant et obstiné. Une terre imaginaire qui n'a pas de frontière, qui accueille Musset comme le poète grec Yannis Ritsos, le poète libanais Khalil Gibran, le philosophe perse Omar Khayam. Fatim Layachi née à Casablanca est fermement engagée contre la conception de l'art prôné par les islamistes du PJD au pouvoir au Maroc.
Les deux comédiens Clémence Labatut et Yacine Aït Benhassi y chevauchent à bride abattue. Respectueux de ces paroles ils mâchent ces mots pour en tirer l'énergie d'une danse folle. Ils représentent le "non" dans un corps solidement planté sur le sol, qui bat le pavé quand il le faut. Ça monte du ventre jusqu'au cri d'alarme. S'ils interprètent la chanson "Comme d'habitude" de Claude François dans une version arabisante, c'est pour mieux faire exploser cet air de résignation et de démission.
"Je dis non" est un spectacle un peu fou, placé sous l'adage de Georges Bataille : "Je le répéterais sur tous les tons : le monde n'est habitable qu'à condition que rien n'y soit respecté." Que la fête commence ... |